La Marseillaise de Serge Gainsbourg : anatomie d’un scandale
Laurent Balandras
(Editions Textuel) octobre 2015
Une fois n’est pas coutume surtout pour une chronique où il est question d’un livre, le texte qui suit peut et doit se lire en écoutant de la musique, mais c’est moi qui choisis le morceau, parce que sinon ça n’a aucun sens, alors cliquez sur Play et cætera.
Voilà, vous écoutez donc "Aux Armes Et Cætera" de Serge Gainsbourg, morceau datant de 1979, vous l’avez sans doute écouté plus d’une fois, c’est aujourd’hui considéré comme une "Chanson Patrimoniale", pas seulement parce que c’est presque la Marseillaise, (la musique n’est pas signée Rouget de Lisle et les paroles sont un peu modifiées) mais surtout parce que c’est LA version de Gainsbourg. Il est presque difficile à croire aujourd’hui que ce morceau ait provoqué à sa sortie un scandale, qu’il a été à la une de la presse, qu’il est devenu une affaire nationale, et cætera.
C’est à l’histoire de cette chanson, et également celle de la polémique que Laurent Balandras consacre aujourd’hui un livre. L’auteur en plus de s’occuper d’artistes comme producteur, agent, est aussi un grand connaisseur de chanson française et il est aussi un vrai grand fan de Gainsbourg. Comment reconnaître un vrai grand fan de Gainsbourg par rapport à un fan normal ? C’est assez facile en fait : quand un vrai grand fan écrit un livre sur la chanson française en général, il s’en servira forcément pour donner son avis sur "qui est / sont vraiment les compositeurs des musiques de films signées Gainsbourg ?", et c’est ce qu’il fait page 72 (je vous laisse découvrir sa réponse, je ne veux pas polémiquer et cætera).
Donc Laurent Balandras est un vrai grand fan de Gainsbourg, et un fan chanceux car il a eu l’occasion de consulter les notes et le dossier constitué par Serge lui-même autour d’Aux armes et cætera. C’est sur cette base documentaire qu’il bâtit son livre mais pas seulement, Laurent Balandras va s’attacher à montrer l’environnement, les tenants et aboutissants de cette affaire, mais résumons rapidement, et cætera.
En 1979 sort Aux Armes Et Cætera dont le morceau qui donne le titre à l’album est le premier 45 tours, il est diffusé en télévision, en radio et permet à Gainsbourg de renouer avec le succès, en fait plutôt même de "nouer", il n’avait pas vraiment eu succès en tant que chanteur jusqu’à présent hormis pour "je t’aime moi non plus", autre chanson scandaleuse. Le disque se vend bien, une nouvelle génération découvre un Gainsbourg moderne, et reggae. Le premier juin 1979, dans le Figaro Magazine, Michel Droit, écrivain résistant gaulliste, publie un pamphlet contre la version de La Marseillaise de Gainsbourg, en plus d’être assez insultant, il accuse Gainsbourg de favoriser l’antisémitisme et en profité également pour "outer" Gainsbourg en tant que juif. Une association de Parachutistes s’en mêle accusant Serge de profaner l’hymne national, allant même jusqu’à empêcher un concert à Strasbourg, et cætera.
En plus de raconter les faits, Laurent Balandras nous livre une véritable photographie des évènements, des différents protagonistes, de l’affaire qui permet de mieux comprendre le choc que cela a pu être à l’époque, une époque où la guerre n’était pas si loin, où tout n’a pas été encore réglé et où l’antisémitisme est malgré tout encore présent. Richement et abondamment illustré de photos et de fac similé d’articles de presse, de lettres tant d’insulte que de soutien, le livre explique et donne à comprendre, se permettant toutefois des analogies quelque peu hasardeuses avec les évènements de janvier 2015, comment cette histoire va transformer Gainsbourg à jamais et ce qu’une chanson peut dire d’une époque, un livre passionnant et cætera.
Avignon se termine et on fait le plein de spectacles formidables que nous avons découverts au festival OFF. Un peu de musique, des festivals, de quoi passer un bon été, sportif ou non ! Et
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