En rentrant du Badaboum je m'étonne de trouver des morceaux de verre dans mon sac. C'est le résultat d'un concert sauvage, comme d'habitude, des frères Garden.
Le punk du mantra do it yourself a changé sa peau, il est devenu cool (les deux frères comptent parmi leur fans Heidi Slimane, directeur artistique d'Yves Saint-Laurent qui les a choisis pour un film documentaire et pour la B.O. de la collection YSL AH16) et renaît dans un de comtés les plus riches de la Californie, Orange County, paradis de surfeurs et bourgeois.
Les deux frères jumeaux Shears, vingt-et-un ans, gueules d'ange au look 90's, très négligé étudié, sont connus pour leur stage diving, pour leur folie sur scène et bien évidemment pour avoir poussé la nouvelle scène californienne avec leur garage punk façon lo-fi, qu'ils nomment eux-même genre Vada Vada (célebration d'un dadaisme personnel).
Les deux frères ont décidé de monter le groupe en 2011, Wyatt à la basse et Fletcher à la batterie, pour concrétiser une idée, une expression créatrice pure, comme l'exlique Fletcher dans la session biographie de leur site officiel. Un punk acide, raw and dirty, qui nous rappelle les performances sur scène de Iggy Pop aux temps de Stooges. Deux fortes personnalités qui ont aussi leurs propres projets : Fletcher avec Puzzle et Wyatt avec Enjoy.
La soirée commence avec les Gavagaii, trio parisien invoquant l'hardcore / screamo des 90's, qui montent sur scène pour la deuxième fois depuis leur formation. Le chanteur, qui hurle en tenant le fil du microphone suspendu sur sa bouche, après avoir chauffé le public en hurlant, marche à quatre pattes par terre. Encore une fois, Monsieur Pop aurait aimé ça.
Pendant le changement de scène, le public applaudit Fletcher qui arrive habillé en trench en cuir bordeaux, son sac à dos et les gants en cuir noir avec lesquels il joue souvent de la batterie. Après quelques minutes sur scène, on voit aussi Wyatt, habillé du même trench que son frère en noir, avec sa basse Hofner Telecaster aux autocollants vintages, plutôt sobre en comparaison de ses fréquents déguisements de femme, comme dans la vidéo "I Am A Woman":
Après le premier morceau, on comprend déjà qui sont les Garden : Fletcher saute sur la batterie et après trois culbutes se plonge dans le public. Le public est en délire : on voit des verres lancés, des gens qui montent sur la scène et qui se plongent dans un pogo fou, et la securité intervient trois fois sur scène.
Le concert est une exhibition frénésie punk : Wyatt fait des blagues, à la fin de chaque morceau reste immobile, alors que son frère n'arrête jamais avec sa batterie, pas même lors des pauses entre les morceaux. Rythmes lourds, tambours ultra rapides, répétitifs et nerveux qui se mélangent avec les lignes de basse dark éclairées par la voix de Wyatt.
On écoute des morceaux du dernier album Haha (sorti en octobre 2015, chez Epitaph / Burger Records) et des morceaux cultes que le public chante par coeur, comme "What we are" du premier album The Life and the times of a Paperclip (Burger Records, 2013) ou de Everything is perfect (Burger Records, 2013).
Plusiers fois, Fletcher laisse sa batterie pour des stage diving, remonte ensuite sur scène et joue avec une seule baguette, l'autre dans sa bouche.
Ils abandonnent la scène pour revenir juste après lorsque le public hurle "One more time !". Une personne à la première rangée leur donne une lettre, ils sourient et la prennent.
Les idoles d'une nouvelle génération punk nous ont appris une leçon : le punk est encore là mais il n'est plus un style de vie.
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