Till It’s All Forgotten
(Fulltime Hobby) septembre 2015
Ce disque aurait pu être excellent, il est juste très bon. La faute à pas grand-chose, à quelques redondances, quelques errances. Un disque très bon comme premier album, ce n’est déjà pas si mal, non ? Farao…
Derrière ce pseudonyme se cache la Norvégienne Kari Jahnsen, multi instrumentiste de talent (elle a quasiment tout joué sur ce disque) et déjà auteure de plusieurs Ep (oscillant entre folk et électro) remarquables et plus ou moins remarqués. Pour son premier album, Kari Jahnsen a décidé pour donner vie à ses explorations musicales d’enregistrer en Islande, sa nouvelle terre d’adoption après Londres, en compagnie de Mike Lindsay (Tunng et Cheek Mountain Thief, c’est lui), sorcier sonore s’il en est.
Et ici c’est bien de sorcellerie dont il s’agit, de plus la nature n’est jamais très loin, à l’image du clip pour "Hunter", et sa présence en Islande est loin d’être un hasard ou une coïncidence. Farao offre une musique aussi douce que frontale, où le plaisir se cache sous mille détails rythmiques, mélodiques ou modaux, le tout associé à un côté tribal, parce que puisant quelque part dans les musiques traditionnelles créant en cela un pont entre passé et modernité.
Derrière Till It’s All Forgotten se cache une musique électronique progressive 2.0 (que certains nommeront avant-gardiste alors qu’elle est surtout cérébrale ou intellectuelle et ce n’est pas une insulte) à tiroir, étonnante et audacieuse ou en tout cas ambitieuse. Une sorte de "tropicalisme" nordique, magique, faisant penser au mariage entre St Vincent, Alice Lewis, Björk et Anna Von Hausswolff.
Une musique qui ne se livrera pas aux premières écoutes, qui dérangeront sûrement certains, mais qui demandera une période de maturation. Alors seulement on pourra apprécier à sa juste valeur l’instrumentation développée et labyrinthique (les mesures composées et les modulations tonales de "Tiaf", l’orgue dans "Hunter", les jeux de réflexions mêlés à un lent crescendo de contretemps pour "Maze", la ligne presque imperceptible de marimba dans "Feel"…) aux textures aussi riches que variées.
Quelques fois trop et c’est là que le bât blesse, à trop en faire Farao se perd et nous perd parfois dans les méandres de sa musique, devenant alors plus opaque que lumineuse. Bémol qui ne saurait bien sur caché toutes les qualités de ce disque !
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