Pièces courtes de Israël Horovitz, mise en scène par Odile Lavie, avec Laetitia Boetto, Suzanne Galéa, Louis Sébastien et Luca Stefanini.
Cette année, de nombreuses pièces d'Israël Horovitz ont été au programme des théâtres français, justifiant sa réputation d'auteur le plus joué en France.
De "Phone Tag" à "Espace Vital", en passant par "Le Premier", chacune des œuvres d'Horovitz présentées cette saison confirme son indéniable savoir-faire, sa manière unique de transformer une situation en théâtre avec un minimum d'éléments et beaucoup d'astuces.
Les trois pièces inédites en un acte - pour ne pas dire les trois sketchs - qui constituent "Rencontres en chute libre", ne trahiront pas cette réputation. Les quatre compères de la Compagnie Nunc se sont investis totalement dans ces trois rencontres improbables qui vont bouleverser des vies établies ou en voie de s'établir.
Rencontres dans une salle d'attente, dans un restaurant bobo ou dans une chambre d'hôtel, ces trois moments qui vont mener pour les personnages à des changements capitaux se font de manière douce. Ici, pas question de coups d'éclat,de colères froides.
C'est sous le signe de l'étonnement, de la surprise, d'un hasard ou d'une sacrée coïncidence que tout se joue.
Suzanne Galéa, Louis Sébastien, Luca Stefanini et Odile Lavie, par ailleurs metteur en scène, donnent joyeusement vie aux personnages d'Horovitz qui ne pourraient être, sans cela, que des coquilles vides. Pour que ce théâtre existe, il faut que les comédiens y croient et comprennent qu'en peu d'indications biographiques et en quelques mots de dialogues, ils doivent habiter un rôle.
Certes, on aimerait que le spectacle ne soit pas qu'une proposition fugace qui s'achève trop vite, laissant le public un peu frustré. On aurait aimé qu'il dure davantage, que l'on puisse apprécier toutes les facettes de l'univers d'Horovitz. Reste que cette petite heure passée en sa compagnie d'amants en perte d'amour, de serveurs en quête de sens s'avère agréable.
Curieusement, se dégage de ces trois bulles de savon théâtrales un sentiment d'harmonie, de plénitude. Quoi qu'il arrive, la situation d'après n'est pas pire que celle d'avant. Il n'y a peut-être pas d'amour heureux, mais on peut être heureux si l'on est de nouveau amoureux.
Attention à ne pas prendre trop à la légère ces textes si légers : ils permettront à leurs spectateurs de s'envoler vers un ailleurs distrayant et fort bénéfique aux cœurs meurtris d'aujourd'hui. |