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Théâtre de la Colline  (Paris)  janvier 2016

Comédie de Michel Vinaver, mise en scène de Christian Schiaretti, avec Francine Bergé, Stéphane Bernard, Clément Carabédian, Jérôme Deschamps, Philippe Dusigne, Didier Flamand, Christine Gagnieux, Damien Gouy, Clémence Longy, Èlizabeth Macocco, Clément Morinière, Nathalie Ortega, Gaston Richard, Juliette Rizoud et Julien Tiphaine.

Il est aisé de comprendre ce qui dans la "saga Bettencourt" a séduit le dramaturge Michel Vivaver : la problématique, celle des liaisons dangereuses entre l'argent et le pouvoir, la sous-thématique de la financiarisation, l'argent finalité du capitalisme qui est devenu le moteur du comportement humain avec son lot de rapacité, de concussion et de cynisme.

Mais également sa nature hybride entre comédie de boulevard avec sa galerie de personnages prêtant au comique de caricature, potentiel que Laurent Ruquier a exploité dès 2011 avec sa comédie farcesque intitulée "Parce que je la vole bien", et tragédie antique avec les névroses familiales.

Enfin, et non des moindres sans doute, ce pied de nez de l'histoire qui tient à ce que la fortune d'un cagoulard, donc antisémite, échoit à ses descendants judaïsés du fait du mariage de sa petite fille.

L'évocation de cette ascendance paradoxale constitue le prologue de la partition intitulée "Bettencourt Boulevard" sous-titrée "ou une histoire de France", titre polysémique qui évoque tant le fameux film "Sunset Boulevard" par le crépuscule d'une femme, le théâtre de boulevard et l'axe de circulation entendu comme métaphore des jardins de Versailles où défilaient les courtisans.

Au demeurant inattendue, car dépourvue des signes ostensibles de richesse, ni salon d'apparat ni boudoir doré, la scénographie très graphique co-signée par Christian Schiaretti et Thibaut Welchlin souligne cette approche avec son plateau couleur bitume et ses sièges, trente comme le nombre de tableaux, au minimalisme confinant à l'ascétisme, un cube blanc évidé, disposés de manière aléatoire surplombé par des panneaux suspendus qui reprennent les trois couleurs du logo de vecteur de la marque Studio Line.

Dans cet esthétique et irréaliste dédale, défilent tels des fantoches désincarnés qu'ils deviendront bientôt, les principaux protagonistes des affaires Banier-Bettencourt et Woerth-Bettencourt, qui défraient la chronique depuis presque une décennie, satellisés autour du juteux magot pour en avoir leur part quitte à le détourner sans d'autant moins de complexe ni de mauvaise conscience en raison de l'indécence du montant du revenu journalier de la dame qui constitue presque une incitation au crime et quasiment une excuse absolutoire.

Michel Vinaver ne dresse pas une saga chronologique et didactique de l'empire financier L'Oréal, à l'instar de celle des Lehman Brothers relatée dans "Chapitres de la chute", ni des affaires mais procède de manière impressionniste optant pour une mise en perspective de tableaux factuels non chronologiques, par ailleurs déconnectés tant de la réalité telle qu'elle a été médiatisée et dépourvus de tout anecdotisme et de psychologisme, introduits par un chroniqueur-narrateur. Ainsi laisse-t-il à la sagacité du spectateur le soin de reconstituer le puzzle.

La mise en scène fluide de Christian Schiaretti, qui, toutefois, ne pâtirait pas d'un rythme plus nerveux, respecte cette structure originale et pour la direction d'acteur, il se garde d'imprimer tant un registre particulier qu'un jeu incarné.

Au sommet d'un nouvel Olympe placé sous le tempo d'une valse en millions d'euros à donner le vertige et la nausée, Liliane (Francine Bergé éthérée entre retour à l'enfance, veuve joyeuse et sénilité), la vieille petite fille riche, fille de son père puis femme de son mari, donnée en remerciement pour services rendus à André Bettencourt (Philippe Dusigne cynique), admirateur de la Cagoule et du national-socialisme, directeur d'un hebdomadaire collaborationniste et antisémite qui s'offre une dignité de résistant, se targuant tout simplement d'une "double appartenance".

Enfin libre, croît-elle, elle brûle ses dernières cartouches pour "kiffer la life" sous les lumières vacillantes d'un ramollissement cérébral.

Autour d'elle, Françoise, sa fille "Touchez pas au grisbi" (Christine Gagnieux transparente), son roué homme de confiance (sic) Philippe de Maistre "par ici la bonne soupe" qui ne manque jamais de se resservir (Jérôme Deschamps magistral à la limite du numéro d'acteur avec son phrasé aux accents gaulliens et ses trémolos malraussiens), et son homme de compagnie, François-Marie "belle gueule", (Didier Flamand éteint), mignon à voile et à vapeur du Tout Paris des années 1970-1980, où dixit le malicieux auteur "ça débitait beaucoup", figé dans une posture d'adolescent décati portant des Converse

Et puis la domesticité, valetaille à la Mirbeau qui supporte le mépris d'une petite-fille d'un boulanger car la place est bonne, aux premières loges des éruptions de ce cloaque, Eric Woerth, l'homme parfait du premier cercle mais la perfection n'est pas de ce monde et Nicolas Sarkozy qui fait deux petits tours et puis s'en va.

La tragédie antique éclaire encore ce siècle et Michel Vinaver ne renonce à la réflexion sous l'angle mythologique. Octogénaire facétieux, il crée une nouvelle divinité baptisée Ajem, acronyme de appareil judiciaire et expertise médicale, roi du tour de passe-passe, qui scelle le destin de Liliane.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
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