"Quatre boules de cuir tournent dans la lumière, De ton œil électrique, Boxe, Boxe,
Ô déesse de pierre, Quatre boules de cuir, mes poings contre les siens,
Moi le jeune puncheur, Boxe, Boxe, Lui, le vieux Kid Mari, Kid Marin c'est un grand et Dieu sait que je l'aime Mais ses gants et mes gants ne pensent pas de même
Ô déesse de pierre, pour atteindre ton cœur, Il n'est qu'une manière, Boxe, Boxe, Il faut être vainqueur…" Claude Nougaro, "4 boules de cuir".
On pourrait imaginer le contraire mais, hormis dans le hip-hop, le thème de la boxe est assez peu abordé dans la musique jazz, pop ou rock. Le contrebassiste Mauro Gargano (trio Ants avec Ricardo Izquierdo et Fabrice Moreau, Zouave Jacob avec Gianni Gebbia et Dario De Filippo) s’ajoute donc à cette pas si grande liste que cela où se sont pourtant déjà illustrés par exemple Bob Dylan avec Hurricane, Claude Nougaro avec 4 boules de cuir, Yves Montand et Battling Joe ou encore Miles Davis avec son Tribute To Jack Johnson (disque important dans la carrière du trompettiste et en étroite relation avec Bitches Brew). Gageons que Mauro Gargano a dû beaucoup écouter ce Tribute To Jack Johnson…
Si le disque de Miles Davis illustre en 1971 le documentaire de Bill Cayton sur Jack Johnson, premier boxeur noir à avoir acquis en 1908 le titre de champion du monde poids lourds, Gargano s’attache quant à lui à rendre hommage, sous forme d’un voyage suivant les traces et les combats du boxeur à la vie pour le moins dissolue (alcool, nombreuses liaisons féminines, bagarres..) Franco-Sénégalais Battling Siki, premier champion du monde africain de l’histoire et mort en 1925 à New-York de deux balles dans le dos tirées à bout portant.
La formation sextet avec d’excellents musiciens (Ricardo Izquierdo aux saxophones, Bojan Z au piano et Fender Rhodes, Jason Palmer à la trompette, Manu Codjia à la guitare et Jeff Ballard à la batterie, plus deux comédiens jouant un le boxeur et l’autre le coach, dialoguent servant de liens entre les différents morceaux) permet au contrebassiste Italien de donner du corps à sa musique non figuraliste, jazz fusion plein de modalités, de mélodies accrocheuses, polyrythmies tendues en subtiles déhanchés, de swing agile (on ne parle pas de boxe pour rien), d’improvisation… Suite For Battling Siki est dédié notamment à Miles Davis, nous l’aurions deviné.
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