Réalisé par Jean-Henri Meunier. France. Biopic. 1h30 (Sortie le 10 février 2016). Avec Jean-Marc Rouillan, Noël Godin, Miss Ming Miss Ming, Bernardo Sandoval, Jan Bucquoy, Sergi López, Jean-Pierre Bouyxou et Sylvie Van Hie.
Il est clair que Jean-Henri Meunier devait bien un jour s'éloigner de Najac au risque de ne pas retrouver le charme anarcho-aveyronnais de ses amis de "Y a pire ailleurs".
Il leur a donc substitué un nouveau duo pour une grande vadrouille foutraque sur les routes, ou plutôt les sentiers, de la France contestataire.
Comme l'implique le genre de la balade au gré du courant, "Faut savoir se contenter de beaucoup" de Jean-Henri Meunier est un exercice inconstant, dans lequel les bas égalent les hauts. Surtout quand le couple vedette est disproportionné à ce point.
Aux côtés d'un Noël Godin, qui a compris que la subversion la plus carabinée n'était pas incompatible avec une forme de gentillesse lunaire, il y a un Jean-Marc Rouillan, que l'on sent quand même pas très disposé à ne plus avoir des réflexes de lion en cage.
Difficile de lui demander un peu de recul, pour ne pas dire un peu d'humour, quand on connaît son parcours. On se demande même parfois, si ce radical qui ignore le mot autocritique ne mériterait pas d'être secoué de temps en temps par Noël reprenant ses habits de Le Gloupier.
Une bonne tarte dans la gueule, Rouillan la mériterait autant que BHL. D'autant que celui-ci, voyant le niveau de camaraderie de Godin et de Rouillan, aura beau jeu de faire l'amalgame entre les "attentats pâtissiers" de l'un et les attentats pas bidons de l'autre.
Bref, il faut voir "Faut se contenter de beaucoup" de Jean-Henri Meunier comme une discussion par monts et par vaux entre deux visions de la contestation, celle qui passe par l'utopie et celle qui trépasse par le parabellum. Si l'une est fumeuse parce qu'elle rêve tout haut, l'autre est grincheuse parce qu'elle théorise tout bas...
Certains trouveront que la montagne accouche d'une petite souris et que les promesses de cette distribution réjouissante ne sont pas à leur hauteur. Mais c'est sans doute avoir la dent dure car les deux Laurel et Hardy postmodernes remplissent leur cahier des charges à merveille.
"Faut savoir se contenter de beaucoup" de Jean-Henri Meunier est fait pour prendre à rebrousse-poil des spectateurs souvent trop caressés. Mais peut-être le réalisateur aurait-il pu mettre ses personnages un peu plus en danger, histoire de les voir réagir avec leur panache de vieux lions rugissants. Car ce n'est pas forcément leur rendre hommage que dans faire plutôt de nouveaux "Vieux de la vieille" que d'éternels "Tontons flingueurs". |