Comédie dramatique écrite Gilles Gaston-Dreyfus et interprétée par Gilles Gaston-Dreyfus et Anne Benoit.
Dans le même registre fantasque et inquiétant de la partition monologale "Mon ami, Louis" le comédien Gilles Gaston-Dreyfus explore le pandémonium conjugal dans "Couple".
Après le récit, sur le mode du "je est un autre", des péripéties meurtrières réelles ou fantasmées d'un homme à la personnalité d'autant plus trouble que floue et troublée, il se penche sur le couple qu'il qualifie de "chaudron de nos sentiments" et de "bouée de sauvetage de nos existences".
Et il a composé un déconcertant délire à deux décliné, indique-t-il, à la manière de "je te tiens par la barbichette" mettant aux prises des époux de longue dans une joute verbale sous haute tension qui pourraient mener au grand zigouillage s'il n'existait entre eux une collusion implicite.
Placé sous les auspices du "Ni avec toi, ni sans toi" et flirtant avec le "Je t'aime, je te tue", ce huis-clos matrimonial, qui n'est pas sans évoquer tant August Strinberg que Rémi De Vos, démarre sur une fin de soirée théâtrale avec l'évocation pseudo-horrifiée des faits divers sanglants qui ouvrent les hostilités.
Conçue comme des variations pour duettistes de musique de chambre, la partition décortique l'ambivalence du lien amoureux dont la fraction de haine refoulée pour cet autre à l'origine de compromis, de déceptions et de frustrations s'évacue par les banderilles verbales d'une scène de ménage qui nourrit le lien sans en entraîner la rupture.
Dans un décor minimaliste de Nicolas Sire, salon aux murs gris béton et canapé jaune, deux officiants de poids : Anne Benoît, ogresse aux trémolos qui n'est jamais aussi juste que dans les éclats, et Gilles Gaston-Dreyfus dont l'affuté humour pince-sans-rire fait merveille.
Tous deux s'entendent comme larrons en foire dans cette pièce qui s'avère également une fantastique machine à jouer.
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