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Interview  (Le 106, Rouen)  jeudi 7 janvier 2016

Happibasude Puzzle !

Voilà les deux mots que les rouennais de Tahiti 80 vont le plus entendre ces prochains jours. Le groupe français, véritable icône pop dans l’empire du soleil levant va de nouveau ravir son fidèle public nippon à l’occasion d’une tournée anniversaire célébrant les 15 ans de la sortie de leur premier album Puzzle. Rencontre avec Xavier Boyer, leader emblématique du groupe, quelques heures avant un concert en forme de générale au 106 à Rouen. Passé, présent, et possible… en attendant le Big Day, retour sur le parcours hors norme d’un petit groupe de french pop que le monde a 1000 fois aimé aimer…

Vous fêtez les 15 ans de carrière du groupe et de la sortie de votre premier album Puzzle. De vos débuts en studio, de vos premiers concerts à la fac de Rouen, imaginiez-vous un tel parcours, vous projetiez-vous dans une carrière musicale pro ?

Xavier Boyer : La réédition de Puzzle nous a donné l’occasion de nous retourner sur notre parcours, j’ai rédigé les notes de pochette du disque sous la forme d’un fanzine, je me suis remis dans l’esprit de l’époque, on se réunissait entre copains, on faisait des K7 démos au son un peu pourri que les gens s’envoyaient, s’échangeaient, on lisait les Inrocks, Magic... En me penchant sur la genèse du groupe, c’est clair que nous étions déterminés, mais aussi naifs, innocents. C’est impossible d’imaginer en enregistrant nos premières maquettes ("Ping-pong party à Papeete"), dans la cave de Pedro (ndlr : Resende, bassiste et co-fondateur du groupe), tout ce qui pourrait arriver. On a eu de la chance mais il faut provoquer la chance et nous, on a beaucoup travaillé, en étant critique, en ayant de l’ambition, mais de là à dire qu’au moment de l’enregistrement de 20 minutes EP, que 2 ans plus tard on partirait enregistrer le premier album à NY pendant 1 mois et demi, pour aller le mixer 3 mois après avec Tore Johansson des Cardigans à Malmo, on ne l’imagine pas, ce n’était pas prémédité, ça ne peut jamais l’être...

Les bases fondatrices du groupe se sont construites sur la rencontre avec Pedro, "homme orchestre" du groupe et toi qui composes, écris...

Xavier Boyer : Au départ, c’est avec Pedro qu’on a posé les bases. J’ai toujours été celui qui écrit les morceaux même si Mederic (ndlr : Gontier, guitariste) contribue aussi à l’écriture. J’avais besoin que quelqu’un mette en forme mes morceaux, m’aide à trouver la bonne dynamique et Pedro, en dehors de sa qualité à produire du son, est un très bon bassiste, peu comme lui arrive à mettre un côté mélodique et dansant... Ensuite, quand sont arrivés Mederic et Sylvain (ndr : Marchand, batteur), les pièces du puzzle (!) se sont imbriquées et chacun a trouvé sa place dans cet ensemble, Tahiti 80 a toujours essayé d’avoir une base mélodique tout en travaillant le rythme, on est fan d’une certaine idée de la Soul, période Motown où leurs artistes reprenaient les Beatles et les Beatles s’inspiraient de Motown... On recherchait le groove et la mélodie, on essayait de trouver cet équilibre lorsque la musique black lorgne sur la musique blanche et inversement. Avec Mederic, on était plus dans une dynamique Pop, Smiths et c’est cette période 95, quand Sylvain rejoint le groupe, que l’on passe à un autre niveau, la section rythmique Pedro-Sylvain nous en donne alors les moyens.

1993 formation, 1996 premier single (20 minutes EP) rapidement reconnaissance critique de la presse, critiques enthousiastes et signature avec le label Atmosphériques.

Xavier Boyer : JD Beauvallet nous fait un bon papier, puis il se passe 2 ans, c’était une époque où les choses se passaient plus lentement. Il s’est passé 5 ans, entre la formation du groupe en 1993 et la signature chez Atmosphériques en 1998. Mais quand on arrive en studio, on a 40 chansons. C’est un choix et une chance de grandir à l’ombre, d’écrire de bonnes chansons, d’autres moins biens. Ce rythme nous a permis de mûrir avant de passer à l’étape supérieure. C’est une des clés qui explique qu’on ait pu réussir et durer.

Comment se passe la rencontre avec Atmosphériques ?

Xavier Boyer : Ils nous ont entendus sur une compilation régionale lors d’une convention au Printemps de Bourges, puis ont contacté notre manager. On n’était pas trop chaud au début pour signer chez eux, leur groupe phare c’était Louise Attaque dont on ne se sentait pas proche, je pense que l’on craignait qu’ils veulent faire de nous le Louise Attaque pop du label chantant en français... Mais on s’est vite aperçu que les gens du label partageaient et écoutaient nos références 60’s... Ca nous a rassurés. On a participé au festival des Inaperçus au Moloko, à Paris où l’on partageait la scène avec les William Pears, J.P. Nataf, Herman Düne... Ce soir là, on joue notre reprise des Zombies "Tell her no" et "Revolution 80" avec une groovebox... Ils sont emballés, l’histoire commence... Ils nous proposent un truc qu’on nous a jamais proposé avant, sortir un album chanté en anglais, enregistrer à NY avec un producteur que l’on adore (ndlr : Andy Chase-fondateur d’Ivy), enregistrer des cordes.

1998 devient pour vous une année complètement folle.

Xavier Boyer : Tout s’accélère et on commence à vivre des trucs fous… Le premier jour où on arrive à NY, Andy m’emmène emprunter des guitares acoustiques chez son pote Lloyd Cole, là on se retrouve dans son studio d’enregistrement, je suis hyper impressionné, les Commotions, ses albums solos, les couvs des Inrocks… Puis on se retrouve à collaborer avec Eric Matthews (ndlr : The Cardinal), Adam Schlesinger (ndlr : Fountains of Wayne, Ivy) des gens qu’on écoutait avant, d’un seul coup on change de division, de dimension. On a beaucoup progressé avec eux.

Après un mois à NY, le label sent qu’il y a de gros morceaux sur l’album et se pose la question de celui qui va le mixer et le peaufiner... On tombe tous d’accord sur le nom de Tore Johansson des Cardigans, qui avaient réussi à faire une pop très intelligente avec des accords et des signatures un peu étranges mais en même temps très tubesques. C’était la volonté d’Atmosphériques d’avoir une touche indie avec ce petit plus qui permettrait d’avoir un écho mainstream. On part donc en février 1999 mixer l’album à Malmo, avec Tore un type très pince-sans-rire, très sérieux, très froid… Sa théorie est de faire un son agressif dans le but d’attirer l’attention, par rapport aux autres chansons qui passent en radio. Il applique ce principe sur notre musique, il fait un travail énorme sur "Heartbeat", il le transforme en tube même si notre groove était déjà là. L’album a du coup franchi une autre dimension, en quittant NY, le disque était plus rock. Cet album a eu un impact énorme au Japon en 2000.

Le disque rencontre rapidement un vrai succès, aux USA, au Japon mais pas forcément en France.

Xavier Boyer : En France, le disque a quand même été bien reçu, il est beaucoup passé sur les radios, notamment sur le Mouv’. Au Japon, notre connection c’est Cornelius, une sorte de Ruyichi Sakamoto indie. Il avait écouté une version démo de "Heartbeat" et l’avait sélectionné pour une compile de son label ("Lama Ranch" avec Papas Fritas), du coup on était connu avant que l’album ne sorte. Très vite, Atmosphériques reçoit des commandes de disques très importantes du Japon, une chanteuse japonaise Kahimi Karie nous demande de la produire. On se dit qu’il se passe un truc fort là-bas puis, suit une demande pour venir au Japon assurer la promo. Je me souviens, on était en Hollande, et le lendemain on devait partir à deux au Japon, on a dû tirer à la courte paille pour déterminer lequel des trois autres membres partiraient avec moi, c’est Mederic qui a gagné. On arrive à Tokyo et c’est un peu fou...

Vous découvrez au Japon une forme de Tahitimania.

Xavier Boyer : Des gens nous attendaient, nous offraient des cadeaux, je me rappelle d’une interview dans laquelle je parle du groupe Orange Juice, le lendemain des gens nous offrent des 45t ultra rares ! Les gens étaient adorables, pas du tout oppressants, on jouait "Heartbeat" en showcase, les japonais nous écoutaient les larmes aux yeux, hurlaient notre nom... Ensuite, on part en tournée aux USA pendant six semaines, on joue au méga festival Summer Sonic devant 30000 personnes. Je viens de retrouver mon agenda de 2000, je me rends compte que nous vivions une période folle, assourdissante. Tout s’enchaînait, enregistrements, tournées, clips… jusque 2005, on a eu une vie fabuleuse, d’enfoirés. Je ne sais pas qui remercier pour ça, disons tout le monde… On est conscient que tout ça est un peu hors du commun.

Deuxième LP, Wallpaper for the soul, et une grande rencontre, Richard Hewson (ndlr : arrangeur pour les Beatles, Nick Drake...), l’Olympic studio de Londres…

Xavier Boyer : Oui, Richard Hewson qui a fait les arrangements de "Let It Be"… On était fan du premier album de James Taylor, sorti chez Apple, dont les arrangements et les interludes ont été écrits par Hewson. On soumet plusieurs noms à Atmosphériques, dont Hewson, qui est le premier à sembler intéressé, motivé, on se demande alors si on n’a pas placé la barre un peu haut, mais le type se montre absolument adorable, simple. Il écrit les arrangements et on se retrouve avec lui à Londres dans le studio où avait été enregistré "Hey Jude", des albums des Stones, le studio mythique.

On entend nos morceaux joués par 24 musiciens, dans le couloir, on croise Noel Gallagher en session d’enregistrement, on se dit à ce moment là qu’on continue à passer dans d’autres dimensions, on continue notre visite du monde de la musique. Avec du recul, on est très heureux d’avoir fait appel à lui, je réécoutais il n'y a pas longtemps Wallpaper, je me dis qu’à l’époque on nous a vraiment donné les moyens de faire un très beau disque. On ne se posait pas trop de questions, ça nous arrivait, on vivait le truc…

Envisagez-vous que Wallpaper est l’album qui va vous installer dans le paysage français, vous confirmer à l’étranger, surtout qu'il contient un tube potentiel, "1000 times" ?

Xavier Boyer : Chacun de nos albums est toujours réalisé en réaction par rapport à l’album précédent. On a essayé d’amener un peu plus de densité dans le son de Wallpaper, un côté moins léger par rapport à Puzzle, un côté plus adulte, plus sérieux. Effectivement, on se dit qu’on a des morceaux assez puissants comme "1000 times", c'est un disque qu’on a enregistré avec beaucoup de moyens, artistiquement sans compromis. Globalement, nos albums ont toujours reçu un bon accueil au Japon… Avec du recul, je ne sais pas si le disque était dans son époque, l’air du temps était dans des sons Strokes, White Stripes… était-ce le bon timing pour un disque très léché ?

Pourtant, rétrospectivement, c'est un album intemporel qui reste l’album référence des fans du groupe.

Xavier Boyer : C’est un album qui a bien vieilli, qui tient la route 10 an après. Il y a une touche blue-eyed soul, un peu d’électro, inspirée du son d’Aphex Twin. On a peut être été déçu qu’il ne marche pas autant, on y avait mis beaucoup d’éléments, beaucoup d’arrangements pop. Les gens en France nous ont peut-être catalogué dans une vison arrangements = variétés, pas assez rock…

Je me souviens d’une chronique assez horrible dans Magic, j’ai l'impression que l’on nous reprochait d’avoir fait un disque ambitieux, grandiloquent, avec des débauches de moyens… On voulait juste créer le disque que l’on aurait aimer écouter, notre prochain disque favori, on y est allé à fond, dans l’esprit des Boo Radleys qui voulait être leur propre groupe préféré. Nicolas Godin (ndlr : Air) a dit un jour qu’un premier album, c’est nouveau, tu as plein d’envies, des tubes, sur le second tu veux montrer un côté plus profond, montré que tu n'es pas qu’un artiste à succès. Je pense que Wallpaper est typiquement un deuxième album. Le morceau éponyme est complexe à la première écoute, on voulait surprendre et choquer un peu…

Ensuite, vous montez votre propre studio, le Tahiti Lab.

Xavier Boyer : Je me souviens d’une interview de Teenage Fan Club dans laquelle ils expliquaient s’être achetés avec leurs royalties du matériel d’enregistrement en se disant que même si on les virait de leur label, ils pourraient toujours continuer à enregistrer leur musique. C’était exactement notre intention. On a transformé notre local de répèt progressivement en studio, principalement pour nous, mais aussi dans l’idée un jour d’enregistrer d’autres artistes. Jon Auer des Posies est venu, Neal Pogue (mixeur du tube de Outkast 'Hey ya') également. C’était aussi une façon de s’émanciper des producteurs lors de notre processus créatif. A un moment, ça ne t’excite plus forcément de composer avec ta guitare, ça devient trop habituel, trop prévisible… On avait envie d’explorer, garder de l’excitation pour être plus pertinent.

C’est dans ces conditions que sort Fotsbury, votre troisième album, enregistré au Tahiti Lab mais mixer à LA, avec un son plus soul, funk… esprit Sly, Curtis Mayfield.

Xavier Boyer : Avec Snoop Dog, dans le studio d’à côté, les mecs passaient leur journée à fumer de la Ganja, à écouter du hip-hop à fond, alors que nous on enregistrait en acoustique esprit Simon & Garfunkel. On ne se retrouvait plus trop dans l’esprit indie de l’époque, dans ce retour du rock, The Strokes, Hives… Parallèlement à ça, il y avait Outkast, Nerd… En bon fan de soul, je me sentais plus proche des Neptunes qui ont une sensibilité pop bien que venant du hip-hop, alors pourquoi ne pas aller vers ce monde qui n’est pas le nôtre avec notre sensibilité pop à l’instar des Clash avec "Magnificent seven" ou leurs morceaux dub ou "Fools Gold" des Stone Roses…

On a voulu faire un album qui sortait de notre cadre musical, du coup on a approfondi les teintes soul présentes sur Puzzle et Wallpaper, on a expérimenté, "Changes" peut surprendre et étonner mais est en même temps évident avec une guitare acoustique, ma voix et un beat assez fort… On tente toujours de recréer nos fantasmes musicaux… Quand on mixe l’album avec Neal, on arrive avec notre son moyen du Tahiti Lab, et là on se retrouve avec le matériel d’époque de la Motown, des micros avec lesquels Sinatra a enregistré… A notre échelle, on a l’impression d’appartenir à cette histoire, on est dans la place, sans jamais se dire qu’on est au musée, parce que l’on a un disque à enregistrer…

Tu enregistres ensuite ton premier album solo, Tutu to Tango, sous le nom d’Axe Riverboy.

Xavier Boyer : On avait tous besoin de vacances en fait, de faire un break. Cela faisait 10 ans que le groupe ne se quittait plus. A un moment, la démocratie dans un groupe, ça marche mais tu peux aussi en ressentir parfois des frustrations, avoir envie de jouer de tout, aller au bout de ton idée. De plus, quand on est quatre, on est le porte-drapeau d’un groupe, on n'écrit pas de la même manière que quand on est tout seul, ça m'a permis de dire des choses plus intimes.

Avec ce disque, je le fais, j'en avais vraiment envie, c’était une respiration. C’est l’histoire un peu mythologique des groupes où à un moment, chacun des membres veut exprimer des choses plus personnelles. Les autres membres ont respecté mon envie et ont bien compris ma démarche. Tout était clair sur le fait que l’on se retrouverait ensuite pour bosser sur un nouveau disque. Cela m’a aussi permis de revenir avec des idées nouvelles…

Puis votre quatrième album, Activity Center qui est un tournant dans l'histoire du groupe.

Xavier Boyer : Activity Center est comme un pont entre Tahiti et le songwriting d’Axe Riverboy, les chansons avaient été écrites à la guitare acoustique. C’est un disque qu’on a beaucoup répété, c’est aussi celui qui marque le départ de Sylvain du groupe pour raisons médicales. On a alors recruté un nouveau batteur, Julien Barbagallo qui jouait avec moi sur mon album solo, il joue maintenant avec Tame Impala.

The Past, The Present & The Possible, un LP bilan ?

Xavier Boyer : Après la fin de l’aventure Atmosphériques, on s’était retrouvé chez Barclay. Même si tout s’est bien passé chez Barclay, on se sentait moins à l’aise, c’était certainement un bon label pour un groupe chantant en français ou peut-être électro mais pas pour un groupe comme nous, hors format. On se retrouve alors distribué en Angleterre dans une classification world music sur le label de Pagny, alors qu’on avait eu de très bonnes chroniques dans Mojo, que Uncut qui nous avait mis dans le top 10 des albums 2003, on avait été band of the week dans le Melody Maker.

En fin de promo, Barclay nous rend notre contrat, avec les indemnités on finance notre label Human sounds. On fait donc The Past, The Present & The Possible, un album qui finalement sonne comme une ébauche de Ballroom, à la charnière entre l’envie d’écrire des chansons pop comme "Easy" et d’autres plus hétérogènes, plus patchwork comme "Defender". On l’a joué en Corée, au Japon, aux Philippines, en Thaïlande, Indonésie mais on a perdu le contact avec l’Angleterre.

Et en 2014, votre sixième album Ballroom, et le single "Crush", tube taillé pour le succès.

Xavier Boyer : A chaque fois que l’on écrit un morceau, on se dit toujours qu’il faut essayer d’être satisfait, d’essayer de faire ce que l’on recherche, d’avoir toujours deux degrés de lecture dans une chanson, à la fois un côté immédiat dans la mélodie mais en même temps un son un peu étrange qui va interpeller. C’est un de nos albums les plus étranges. On travaille avec Richard Swift (ndlr : The Shins, Black Keys) qui habite près de Portland dans un bled perdu, où on a passé 15 jours dans son garage-studio à mixer l’album, faire les voix avec lui. Il a gardé le côté très brut de l’album, le côté première prise.

Le disque a beaucoup été joué au Japon. En France, on a eu un peu de promos mais c’est difficile de sortir du truc indé-culte. Je pense que l’on a toujours été catalogué à tort trop pop et faussement lisse, avec cette image d’Epinal "Tahiti 80  big in Japan" autour du groupe. Il y a une part de vérité, inconsciemment on a fait des disques pour le Japon, avec à la fois des singles et des morceaux plus complexes parce que les gens là-bas nous comprenaient, ils adhéraient à nos références un peu pointues.

Aujourd’hui, Tahiti 80 est une référence pour de nombreux artistes, vous vous situez comment dans le paysage musical ?

Xavier Boyer : On est toujours là, je pense que Puzzle est un des premiers disques post french pop avec cette légèreté un peu assumée. Puzzle sort avant le premier Phoenix et aujourd’hui, j’ai comme l’impression que la french pop est presque devenue un genre, un son… Je pense qu’on est toujours resté attaché à la définition de la pop music, un truc exigeant pouvant plaire à beaucoup de personnes. Tant mieux si on a pu décomplexer certains artistes en montrant que c’était possible, même si Phoenix l’a certainement fait plus que nous avec de très bonnes chansons. J’ai comme l'impression que pleins de groupes français sont sortis d’un seul coup, sans se concerter et se sont très bien exportés alors que c'était quelque chose qui avant n’arrivait pas, c'était certainement en gestation, la France a mis du temps à décrypter les codes de la pop music.

Vous partez en tournée au Japon, rejouer Puzzle et ensuite ?

Xavier Boyer : Japon et Chine, ensuite on travaille sur un nouvel album sans que ce soit totalement avancé, on a une quinzaine de nouveaux morceaux en cours, en autoprod, sur notre label Human Sounds, c'est une façon de faire nos disques comme on veut, c’est une liberté. Mais si on doit repasser par un label, pourquoi pas. De son côté, Mederic vient de finaliser un projet solo, un EP. Je travaille également sur un nouvel album solo, pas sous le nom d’Axe Riverboy mais sur un nouvel anagramme tenu secret pour l’instant… (sourire machiavélique !)

15 ans de carrière, des grandes joies, des regrets, de beaux souvenirs ?

Xavier Boyer : Des regrets, on essaie de ne pas en avoir, ça ne fait pas trop avancer. Si on regarde en arrière, en repartant de l’accord studio jusque dans 10 jours, où on se retrouvera à jouer à Pékin, c'est le grand écart. On a cette chance de pouvoir regarder dans le rétro, en restant encore un groupe actif qui ne s’est jamais arrêté. C’est une chance d’avoir un héritage, une base qui existe, et de ne pas avoir honte d’avoir fait un disque il y a 15 ans qui a marché, qui a eu un impact, mais surtout que l’on nous demande de rejouer, que les gens veulent réécouter.

Le label au Japon nous a demandé de le ressortir pour marquer le coup. C’est marrant de se remettre sur des morceaux qu’on n'a pas joués depuis 10 ans, on se revoit à l’époque où on le composait, innocents de pleins de choses avec 15 ans de moins, pas exactement les mêmes personnes. On voit ça comme une occasion de faire plaisir aux gens qui l’ont écouté, aimé et peut-être d’en toucher de nouveaux. Cela nous donne une perspective sur ce qu’on a fait et donc forcément sur ce qu’on pourrait faire sur les prochains disques. Cela nous a permis de remettre en lumière ce que l’on faisait à l’époque et que l’on n’a pas refait depuis longtemps et qui mériteraient peut-être de réapparaître, là on se dit qu’on a peut être envie de faire un album plus fun, plus léger contrairement à Ballroom qui est plus sombre, avec un propos plus mélancoliques. Cela remet en lumière un peu tout ce qu’on a fait on est très fier de Puzzle et ça donne envie de faire le septième…

Et plus !

Xavier Boyer : Tant qu’on pourra, on n’hésitera pas !

Le groupe se produira au Badaboum, à Paris, le 18 février 2016.

 

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Sébastien Dupressoir         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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