Comédie dramatique de Pascal Reverte, mise en scène de Vincent Reverte, avec Aude Léger et Pascal Reverte.
"Ne chantez pas la mort", disait Léo Ferré, "C'est un sujet tabou pour poète maudit".
Poète, peut-être, maudit, pas du tout, Pascal Reverte a approché la faucheuse de si près qu'il n'était pas question qu'il passe sous silence ces incroyables 29 secondes qu'il a vécues hors de sa vie.
C'est en direct d'un service de réanimation que l'auteur-acteur raconte l'aventure extraordinaire qui lui arrive. Mais, pour bien souligner qu'il est parti ailleurs, il n'est pas allongé dans un lit d'hôpital aux murs blancs et aux bruits d'appareils médicaux, mais debout, droit dans ses chaussettes, avec derrière lui un beau fond quadrillé noir et blanc et des sonorités funky.
Et puis, il n'est pas seul face à la mort annoncée : une jeune femme avenante et mille fois moins sinistre qu'une infirmière même compatissante accompagne sa balade en zig-zag entre le néant et la vie.
Attention ! Il ne s'agit pas pour autant de deux personnages qui vont se compter fleurette, échanger des propos badins.
Droit comme un "i", Pascal Reverte entame immobile son court voyage dans un espace-temps où le temps et l'espace ne veulent rien dire et va le rester pendant presque une heure théâtrale, cette fois-ci bien réelle. C'est dire, si l'attention du spectateur est nécessaire pour qu'il puisse apprécier les mots vécus de Pascal Reverte.
Mais il sera vite rassuré : "I feel good" se suit à la fois sans déplaisir et comme un vrai suspense. Après tout, chacun peut se dire qu'il sera, un jour, soumis à la même épreuve et que retenir l'expérience de Pascal Reverte lui servira.
Ce qui est sûr, et que l'on retiendra, c'est qu'il ne faut pas prendre la mort totalement au tragique, que c'est peut-être ça le secret pour qu'elle laisse tranquille l'endormi profond.
Avec la complicité de son frère Vincent Reverte, dont la mise en scène sait rendre élégant le dispositif minimaliste de son texte, et d'Aude Léger, qui sème ses chaussures à talon comme des petits cailloux pour l'aider à retrouver le chemin de la vie, Pascal Reverte se sent bien sur scène
Ni morbide, ni ennuyeux, "I Feel Good" porte donc bien son titre. |