Monologue dramatique d'après la nouvelle éponyme de Eugène Ionesco dit par Stéphane Daurat dans une mise en scène de Catherine Hauseux.
"L’humanisme est périmé" explique Béranger, protagoniste de la nouvelle "Rhinocéros" de Ionesco, qu'il développera ensuite dans la pièce éponyme, et seul résistant à l’uniformisation rhinocérite qui touche le petit village français où les habitants se transforment les uns après les autres en animal à corne. La cause est entendue.
Pour restituer ce texte dense, engagé, à l’humour corrosif et où l’absurde cher à l’auteur est porté à son paroxysme par l’incarnation matérielle des mécanismes de pensée, Stéphane Daurat (dans le rôle de Béranger) et Catherine Hauseux (à la mise en scène) prennent le parti d'une adaptation en un seul en scène, choix pour le moins ambitieux mais diablement intelligent.
Sur un plateau épuré, modulé par deux panneaux de toile où peuvent se projeter des films, un lit une chaise, une table et une valise sont les seuls compagnons de notre héros, prisonnier physique et spirituel d’une différence difficile à assumer. Une main, une tasse, un polochon, un chiffon rouge, tout devient alors prétexte au jeu d’incarnation, qui apporte une dimension à la fois magique et poétique à la narration.
L'ensemble fonctionne à merveille grâce aux nombreuses trouvailles de mise en scène de Catherine Hauseux, à l’intelligence scénique, à l’énergie et au charisme de Stéphane Daurat.
L’ouverture à l’imaginaire du spectateur clairement assumée permet l’appropriation de la métaphore filée, traditionnellement associée à la montée du fascisme, mais ici habilement transposable à notre monde viralement connecté où la contagion idéologique est tristement d’actualité.
Un spectacle tout à la fois moderne et intemporel, qui dose toujours justement ses effets et donc, en clair, une brillante réussite. |