Il est des jours comme de ces voyages en train où, las, la tristesse nous gagne à regarder un paysage charmant défiler devant nos yeux à toute vitesse.
Et puis une éclaircie se fait dans les brumes de notre esprit.
Une pensée agréable.
Un sourire.
Un souvenir.
Tel est cet époustouflant troisième lp de The National sur lequel les cordes et les arpèges de guitares, douces, soyeuses, réconfortent l'auditeur alors que le spleen de Matt Berninger envahit notre cerveau et notre coeur.
“I'm so sorry for everything”
L'album s'ouvre sur deux titres mid-tempo envoûtants "Secret Meeting" et "Karen" où la formule magique de The National opère à merveille, nous berce. Quand "Lit up" commence, on se dit que les affaires sérieuses commencent, que ça y est, on ne va pas rigoler ; les guitares se durcissent, le rythme s'emballe, nous commençons à chavirer… Et notre élan est coupé avec "Looking for astronauts" et surtout "Daughter we'll be fine" qui nous prennent à contre-pied. La coupe n'est pas bue, le désespoir pas encore évacué ("Val Jester").
"All the wine"
Une fois la vérité admise au grand jour, rien ne sert de s'apitoyer sur son sort : il faut repartir de l'avant. "All the wine" morceau ô combien emblématique du groupe sert d'exutoire sublimant l'emphase du groupe qui enchaîne avec un "Abel" d'anthologie et termine sur une résolument positive (le champêtre et enjoué "City middle", le rageur "Mr. November").
Ce troisième lp de The National est magistral : le groupe n'attend plus que la reconnaissance qu'il mérite. Seule énigme : pourquoi Alligator comme nom d'album ?
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