Comédie dramatique de Yana Borissova, mise en scène de Galin Stoev, avec Edwige Baily, Yoann Blanc, Bérangère Bonvoisin, Vincent Minne et Tristan Schotte.
L'espace indéterminé conçu par Alban Ho Van, qui pourrait être une terrasse de toit de building, constitue le centre de gravité, le refuge et le camp de retranchement, de quatre personnages d'oisifs urbains aux relations aussi incertaines qu'ambigües.
Anna une romancière célèbre en stand-by d'inspiration (Bérengère Bonvoisin), Truman, son colocataire-squatter musicien devenu son homme de compagnie (Yoann Blanc), Erwin, un jeune homme amoureux (Tristan Schotte) et son ami Sart (Vincent Minne) dont l'aisance financière de rentier les dispensent de toute préoccupation prosaïque, y trouvent une apparente quiétude.
L'arrivée d'une jeune femme solaire et ambitieuse, Mia (Edwige Baily) dont est amoureux Erwin et qui se trouve être l'assistance de l'éditeur de Anna, bouleverse l'ordre des choses dans ce cocon de reclus désenchantés en panne d'affects. Va-t-elle faire imploser leur modus vivendi ou reconfigurer le quartet ?
"Les Gens d'Oz" de la dramaturge bulgare Yana Borissova constitue une pièce cinétique dont la résonance référentielle, nonobstant son titre qui induit une résonance avec le pays imaginaire du film "Le Magicien d’Oz", est celle de la Nouvelle Vague tant en la forme qu'au fond, et notamment, par sa fausse apparence d'absence d'action et la dialectique entre le désir et l'indifférence du (et au) monde, le cinéma de Eric Rohmer, lui-même entre théâtre et cinéma.
En effet, si tout commence sur le ton du dialogue quotidien, les conversations s'imprègnent vite de bribes intimistes avant de dériver vers la distanciation, l'intellectualisme verbeux et le bavardage sentencieux sur le désenchantement, la confusion des sentiments, le sentiment amoureux, le rapport au monde et au principe de réalité.
Par ailleurs, la partition mosaïcienne ne concourt pas à un assemblage explicite dans la mesure où les échanges situationnels sont ouverts car intentionnellement laissés pour partie à l'entendement du spectateur ainsi que l'indique le sous-titre du texte publié ("Plusieurs entretiens dont on peut modifier la suite suivant le goût, le désir ou l’humeur du lecteur").
La mise en scène fluide de Galin Stoev convient parfaitement à ce registre d'écriture, la distribution est judicieuse et l'interprétation homogène s'avère idéale. |