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Théâtre de la Ville  (Paris)  mars 2016

Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Choderlos de Laclos conçue et mise en scène par Christine Letailleur, avec Dominique Blanc, Vincent Perez, Fanny Blondeau, Stéphanie Cosserat, Julie Duchaussoy, Manuel Garcie-Kilian, Guy Prévost, Karen Rencurel, Richard Sammut et Véronique Willemaers.

En épigraphe, Choderlos de Laclos présente "Les liaisons dangereuses" comme une entreprise morale "pour rendre un service aux mœurs" et "dévoiler les moyens qu’emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes".

Ce roman épistolaire constitue concomitamment une peinture des moeurs des élites du 18ème siècle dont la pratique de sociabilité amoureuse a viré au libertinage et de l'hypocrisie sociale qui célèbre la vertu en l'imposant aux femmes sans condamner le vice pratiqué par les hommes pour lesquels une conduite même la plus scandaleuse n'est qualifiée que d'inconséquence, et ce, comme son aîné Marivaux, sans aucun objectif politique de changer l'ordre du monde, tout en procédant à une stigmatisation de l'esprit licencieux qui est sanctionné par application des principes judéo-chrétiens et l'effet d'une justice immanente.

L'intrigue essentielle, construite comme une tragédie classique et résultant de la correspondance entre Madame de Merteuil et le vicomte de Valmont, qui ne représente qu'un tiers des lettres, est enchâssée dans une histoire de vengeance et l'instrumentalisation machiavélique des autres personnages.

La vindicte agite Madame de Merteuil, courroucée de voir entrer dans son entourage personnel un ancien amant qui l'a éconduite qui va épouser la fille de sa parente Madame de Volanges, une enfant à peine sortie du couvent et déjà éprise du jeune chevalier Danceny.

Afin de le ridiculiser en faisant de lui un mari trompé avant même le jour des noces, elle demande à son ancien amant le vicomte de Valmont de déniaiser l'ingénue. Celui-ci est déjà engagé dans une autre "turpitude" dans la demeure de sa tante Mme de Rosemonde, celle de conquérir Madame de Tourvel, un bastion de pruderie et de fidélité conjugale, ce qui l'amène à batailler sur deux fronts.

Et ce qui va advenir n'a pas trait tant à l'art de la séduction, à la guerre des sexes, ou à la déploration de la condition féminine de l'époque avec l'émergence d'un féminisme d'avant-garde mais à la rupture du pacte libertin liant la marquise et le vicomte qui repose sur les dogmes communs que sont l'art consommé de la duplicité, le mépris pour leur entourage et l'aversion intellectuelle pour l'amour avec son corollaire ne jamais succomber au sentiment.

Porter cette oeuvre sur scène relève d'un défi que ne relève pas Christine Letailleur en contournant la double difficulté, et l'intérêt, afférente tant à l'adaptation et à la transposition théâtrale du genre hybride de l'opus qu'à sa construction.

En effet, elle propose une représentation des différents événements relatés dans les correspondances croisées, de manière nécessairement resserrée mais sans audace ni sagacité, avec des scènes, pour la plupart, réduites à des vignettes, avec de rares scènes de confrontation dialoguée.

Dans une monstration dépourvue de parti-pris dramaturgique privilégiant le factuel et se dispensant de la fine analyse psychologique soutenant l'opus original, les personnages, en chatoyants habits d'époque, dans costumes confectionnés par Thibaut Welchlin, ne sont pas incarnés mais réduits à de simples silhouettes qui seraient extraites des peintures de pastorales et fêtes galantes pour déambuler dans un espace anachronique conçu par Emmanuel Clolus.

Ce dispositif scénographique, un arc de trois hauts murs percés d'ouvertures sans huisseries ressemblant aux panneaux de béton prébabriqués utilisés pour les constructions modernes comportant deux niveaux et délimitant un espace de jeu en forme d'enceinte, répond, en revanche, à une mise en scène qui importe des procédés cinétiques tels le hors-champ avec des défilés au premier niveau, l'ellipse avec les scènes d'alcôve reléguées hors vue derrière des portes dérobées et le gros plan avec les monologues en frontal des principaux protagonistes.

Cela étant, Christine Letailleur a, de façon pour le moins inattendue, choisi le registre de la comédie-vaudeville ce qui, au demeurant, divertit beaucoup le public dont les rires récurrents ne cessent qu'avec les grandiloquents inserts musicaux annonçant le châtiment des méchants.

En tête d'affiche, et sonorisés comme les autres acteurs, Vincent Perez en Valmont virevoltant et primesautier, presque espiègle, et, sur une note unique qui ne rend pas vraiment compte de la capacité de séduction du personnage, Dominique Blanc campe une marquise guindée, en constante représentation de soi dans l'attitude frontale d'un portrait officiel.

Alors... (re)lire Choderlos de Laclos.

 

 

 

 

MM         
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