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Interview  (Paris)  2 mai 2005

Etienne Bonhomme, Pierre Fruchard et Cédric Leboeuf constituent la trinité d'Innocent X, dont les compositions et le talent sont unanimement saluées et reconnu.

Ils vienent de sortir leur second album Fugues et l'affluence lors de leur concert à la Boule Noire en mars dernier atteste également l'existence d'un public averti et fidèle. N'en demeurent pas moins de grandes difficltés à trouver des salles qui acceptent de les programmer.

Nous les avons rencontrés avant leurs concerts de mai. Si Innocent X passe près de chez vous, ne les ratez donc pas !

Quelle était votre formation musicale et votre implication dans le domaine musical avant Innocent X ?

Pierre Fruchard : Nous sommes tous les 3 autodidactes. J'ai fait le Conservatoire quand j'étais petit pendant 4 ans, le temps d'acquérir quelques bases. D'ailleurs, dans le rock je pense qu'il y a beaucoup de gens autodidactes.

Cédric Leboeuf : Pour la guitare, il n'y a pas besoin d'aller au conservatoire. Pour l'histoire, nous avons toujours bossé dans des projets plutôt "confidentiels" à part Pierre qui a travaillé avec Nicolas Repac qui est le guitare d'Arthur H et qui a réalisé 2 albums.

Comment s'est formé Innocent X ?

Cédric Leboeuf : J'ai croisé Pierre pour la première fois en 1996 et nous avons commencé à jouer ensemble fin 1998. Il s'est produit une fusion immédiate et ensuite, au gré des rencontres, Pierre a rencontré Etienne. Et voilà. La formule du triangle, qui nous a plus, s'est constituée très rapidement.

La réalisation d'un premier album Haut/Bas vous faisait sortir du statut confidentiel pour vous conférer un début de discographie.

Cédric Leboeuf : C'est toujours une histoire de rencontres. Nous avons été bombardés pour faire la première partie de Marc Ribot et nous avions 6 jours pour pondre un set de 30 minutes. Et derrière cela, nous nous sommes dit : "Le coup de pied au cul, c'est génial ! Et le plaisir sur scène, ça a du sens donc continuons ! ". Et c'est à ce moment que nous rencontrons Pierre Walfisz qui ne tient pas encore le Label bleu. Une fusion s'opère et nous montons ce projet d'album. C'est un peu indécent de le dire mais ça a été facile. C'est du hasard et du hasard heureux.

Et dès le départ, vous saviez quel registre musical serait le vôtre ?

Cédric Leboeuf : La magie opère quand les choses sont naturelles. Il est assez rare de rencontrer des musiciens avec lesquels le courant passe tout de suite. Pierre a joué dans des formations de 8-10 personnes dans lesquelles il était laborieux de trouver un accord. Dans notre configuration de trio, quand l'un balbutie quelque chose cela fait rebondir les autres.

Pierre Fruchard : Il n'y a pas eu de recherche de style ou de réflexion sur la direction. Ca s'est imposé immédiatement et cela est à l'origine de notre désir de jouer ensemble. Il se passait quelque chose de naturelle et de communicant et surtout de limpide.

Quel accueil a reçu votre premier album ?

Cédric Leboeuf : Un bon succès d'estime, encore confidentiel, mais qui a bénéficié d'un bon relais presse, comme les Inrocks par exemple. Mais cela reste modeste.

En 2005, vous sortez un deuxième album Fugues qui également reçoit un accueil élogieux de manière unanime. Pensez-vous que cela fera sortir le groupe de la "confidentialité" ?

Pierre Fruchard : Cela reste très difficile d'émerger car il est difficile d'exister en France avec des projets très particuliers comme le nôtre. C'est très long. Il faut se lever de bonne heure et il ne faut pas avoir peur de bouffer la poussière. Il est difficile en France de trouver des dates pour les concerts par exemple. Le projet ne pourra devenir viable et émerger qu'en sortant hors de France.

Quels sont les particularités de votre projet que vous qualifiez de "particulier" ?

Pierre Fruchard : C'est d'abord une exigence stylistique et de sincérité dans ce que l'on fait. Il y a 3 personnalités qui sont les 3 musiciens formant Innocent X qui ne rentre pas du tout dans les formats habituels. D'où la difficulté à exister.

Qu'attendez-vous des concerts prévus pour le mois de mai ?

Cédric Leboeuf : Le fait de s'exposer a toujours du sens. Il y a également le plaisir de jouer. Rencontrer du monde est toujours positif pour, le terme n'est pas tout à fait juste mais, pour fédérer les gens. Le disque n'est qu'une photographie et en concert les morceaux sont forcément différents parce qu'ils mûrissent tout le temps. La densité sonore ne peut être révélée que sur du vivant lors des concerts. Nous avons 4 dates pour le moment et il y aura forcément des choses qui s'en suivront.

Votre concert à la Boule Noire a été bien perçu.

Pierre Fruchard : En général, nos concerts se passent bien. Nous arrivons toujours à avoir une qualité d'écoute qui est assez surprenante, ce qui nous conforte dans l'idée qu'il existe bien un public qui nous suit. Le point d'achoppement réside dans le relais qui permet d'accéder au public. Quand nous jouons devant 40 personnes ou devant 800 personnes comme au Grand Mix quand nous avons fait la première partie de A Silver Mount Zion, on embarque les gens de la même manière.

Je reviens sur ce que vous disiez concernant une ouverture hors de France.

Pierre Fruchard : Oui parce qu'en France, ce fameux "relais" montre une certaine frilosité à programmer des projets comme le nôtre. Aller hors de France permet d'élargir l'audience de manière simplement mécanique. Cela permettrait au projet de devenir plus viable et puis l'idée de voyager grâce à la musique est très excitant.

Quand vous utilisez le terme "relais" à qui pensez-vous ?

Pierre Fruchard : Aux programmateurs.

Quels sont vos projets pour élargir votre audience hors de France ?

Pierre Fruchard : Oui. Nous allons d'ailleurs avoir une sortie en Italie qui est un pays où cela bouge bien.

Il est clair que pour le moment vous ne pouvez pas vivre uniquement avec le produit de votre musique. Cela ne vous démotive pas pour continuer ?

Pierre Fruchard : Si nous pouvions nous consacrer qu'à ce projet, nous le ferions bien sûr. Nous avons vendu 3 000 exemplaires du premier album, ce qui est plutôt pas mal pour un projet naissant et pour ce registre musical mais bien évidemment insuffisant au plan financier pour en vivre. Cela ne nous décourage pas pour autant. Car contrairement à ce que certains disent, au départ on ne crée pas pour l'extérieur.

On crée pour exister, pour résister, pour se tenir debout, pour se pouvoir se regarder dans la glace sans s'enfuir, et d'autres multiples raisons qui sont intérieures. Donc nous continuerons. Si on pouvait en vivre ce serait mieux, plus simple. Mais nous ne baisserons pas les bras sauf si la société nous condamne à la précarité et nous oblige à arrêter.

Toutes les chroniques font références à des noms connus tels Mogwai, Labradford, Slint, Godspeed.... Donnez-vous votre assentiment à cette parenté ?

Pierre Fruchard : Ces références sont des cousins mais nous ne ressemblons à aucun de ces projets. Cela étant, je comprends tout à fait la citation de références pour situer un projet.

Vous avez évoqué précédemment le "balbutiement" à l'origine de vos morceaux. Comment travaillez-vous concrètement ?

Cédric Leboeuf : Je crois que Pierre a trouvé les mots justes quand il dit que nous composons en direct. Le petit canevas planté par l'un de nous amène les autres à construire quelque chose. C'est vraiment, à 80%, notre manière habituelle de travailler. Pour le reste, il peut nous arriver de faire une ébauche à la maison et de la proposer aux autres. Ce qui nous importe avant tout c'est la recherche du timbre, toutes les pistes sont possibles.

Lors de votre concert à la Boule Noire en mars dernier, le concert était composé principalement d'une pièce unique, d'une heure sans coupure. Comment construisez-vous le concert et comporte-t-il des improvisations ?

Cédric Leboeuf : Nous avons un cadre dans lequel nous insérons les morceaux, qui sont ceux de l'album mais modifiés parce qu'il sont évolué, et les "entre morceaux", des intermèdes…

Pierre Fruchard : …des respirations…

Cédric Leboeuf : Nous avons des petits canevas qui nous indiquent sur quel morceau on va enchaîner mais ensuite tout est libre pour ce qui va être envoyé". Si cela n'opère pas entre nous, on passe au morceau suivant. Rien n'est figé, tout est intuitif.

Pierre Fruchard : Pour les interludes, il s'agit de canevas de timbres.

Dans votre 2ème album, toutes les chroniques mettent l'accent sur l'introduction de morceaux "chantés-parlés" par France Cartigny et Anne-James Chaton et se perdent en conjectures sur l'évolution d'Innocent X. Qu'en est-il réellement ?

Pierre Fruchard : En premier lieu, nous ne voulions pas faire un premier album bis et à la base du second album il existait une volonté de se frotter au verbe. Ensuite, c'est encore une histoire de rencontres.

Arrivée d'Etienne Bonhomme, le batteur.

Etienne Bonhomme : Nous avions vraiment envie de faire autre chose à partir de la voix. Mais cela ne signifie pas que le groupe s'oriente vers un travail avec la voix de manière systématique. L'orientation sera davantage vers quelque chose d'ambiant sans voix.

Y a-t-il donc déjà des compositions en cours ?

Cedric Leboeuf : Nous sommes toujours dans la composition. Cela relève d'une véritable pathologie. Dès que l'on branche quelque chose, nous construisons quelque chose qui ne restera pas forcément dans le temps. Mais nous travaillons en permanence. Actuellement, on s'oriente effectivement vers des scènes plus ambiantes.

Etienne bonhomme : Mais c'est ce que l'on se dit aujourd'hui.

Cedric Leboeuf : Oui mais…va savoir dans un mois !

Pierre Fruchard : Dans notre projet, nous avons une palette beaucoup plus large que ce que contiennent les albums. Le fait de se frotter au verbe c'était également, comme il y a du verbe il y a du sens, la possibilité de pouvoir continuer à aller vers une certaine épure. Quand on fait un morceau instrumental, il doit "tenir" tout seul. Quand il y a une voix, il passe d'autres informations et au plan musical il devient possible de développer d'autres terrains.

Trouveriez-vous votre place pour jouer dans des festivals ?

Pierre Fruchard : Jouer devant un public ne peut que nous intéresser. Il n'y a pas de contre-indication de jouer dans un festival.

Etienne Bonhomme : Nous avons fait de nombreuses démarches qui n'ont pas encore donner lieu à des propositions concrètes.

Pierre Fruchard : On en revient au problème des relais qui préfèrent programmer des groupes dits festifs pour les festivals.

Etienne Bonhomme : Cela étant, il me paraît difficile pour nous de jouer en plein jour car c'est une musique d'écoute.

Pierre Fruchard : C'est évident qu'il y a une question de pertinence de programmation en termes de nature du festival et d'horaires. Le Festival de Dour me paraîtrait bien nous convenir ainsi que les festivals qui comportent plusieurs scènes dont une plus confidentielle.

Dernière question : si vous deviez donner un album de votre discothèque à un ami quel serait votre choix?

Cédric Leboeuf : L'album de For Carnation sorti en 2000. C'est un peu daté mais c'est un album de chevet.

Etienne Bonhomme : Le premier album de Red… mais il faut vraiment que ce soit un super ami.

Pierre Fruchard : Dark noontide de Six organs of admittance.

Le micro est ouvert. Voulez-vous rajouter quelque chose ?

Cédric Leboeuf : Va-t-en, Pascal Nègre !

 

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En savoir plus :

Le site d'Innocent X : www.innocent-x.net


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