Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Un temps pour se séparer (Notes sur Robert Capa)
Sébastien Smirou  (Editions Hélium)  mars 2016

Poète, journaliste, écrivain, traducteur, et psychanalyste, Sébastien Smirou avait publié aux éditions P.O.L un recueil de poésie intitulé Un temps pour s'étreindre. Le titre de son dernier ouvrage Un temps pour se séparer pourrait nous induire en erreur, et nous laisser croire à une suite mais le sujet et la forme du livre sont tout à fait différents [1]. Il s'agit de notes consacrées au grand photographe et correspondant de guerre Robert Capa, pseudonyme d'Endre Friedmann, qui a marqué en profondeur l'histoire du journalisme par la vivacité et la profondeur de son travail.

L'auteur n'a pas choisi le grand angle biographique ou le zoom de l'histoire de l'art, mais un objectif sur mesure, mélangeant psychanalyse, éléments autobiographiques de l'auteur, contextualisation historique, et on serait bien en peine de dire quelle étiquette accoler à ce livre tant sa démarche est originale. Mais, si la psychanalyse est convoquée, comme outil et grille de lecture, on ne manquera pas de se demander s'il n'y a pas déjà eu trop de travaux entachés par l'hubris interprétatif visant à analyser des sujets au delà de ses prérogatives légitimes. Ce passage, très éclairant, répond à cet embarras potentiel :

"Il n'y a tout simplement pas de psychanalyse possible hors transfert. En l’occurrence, je n'ai évidemment jamais reçu Robert Capa en séance et, à ma connaissance, il n'a d'ailleurs jamais consulté qui que ce soit. C'est bien pourquoi ce livre constitue non pas une étude ou un essai sur Robert Capa, mais bien une fiction psychanalytique à partir du personnage Robert Capa. Le seul transfert qu'on puisse y observer est le mien, sur ce personnage." (page 33)

Voilà une précision tout à fait fondamentale. Notons, de plus, qu'on trouve là une continuité dans le travail de Sébastien Smirou dont les commentaires introductifs de Ferenczi et de Winnicott faisaient une place à la rêverie et à la fiction.

Le récit se constitue de cette méditation habitée de théorie psychanalytique, le long d'un chemin qui nous amène de la consultation d'archives au camp d'extermination de Majdanek. Car la question de départ est : pourquoi Capa n'a-t-il pas photographié les camps de la mort, lui qui semble avoir été quasi immortel, survivant à la guerre d'Espagne, et au débarquement allié en Normandie ? Question difficile et profonde, qui demande des détours complexes et des hypothèses inédites.

Cette manière de laisser le récit trouver par lui-même sa forme d'évocation, cette respiration qui laisse le lecteur circuler dans sa propre rêverie me rappelle beaucoup Pascal Quignard. Mais, autre chose imprègne la lettre du texte de Un temps pour se séparer : la ténacité de la question qui habite l'auteur ne se dément jamais et nous transporte jusqu'à la dernière page. En cela, Sébastien Smirou marche dans les pas de Jean Améry en explorant la question de la mort et la possibilité d'un mal radical. Capa devient le personnage conceptuel [2] de cette exploration et de ce dialogue imaginaire ou, tout à tour, se trouve interrogée la judéité du narrateur, et celle du photographe. Un temps pour se séparer, un temps où Sébastien Smirou nous donne accès à Robert Capa, le rendant un peu plus vivant, un peu plus proche, nous permettant de nous le représenter, au travers de questions qui débordent le personnage et cette fiction. Ce livre n'est pas seulement la photographie que son auteur nous en propose, elle devient aussi la nôtre.

 

[1] Je ne dis pas pour autant que dans l'esprit de l'auteur les deux livres n'aient aucun rapport, ou qu'il n'y ait pas une continuité. Je reviens plus loin dans la chronique sur la continuité de son travail.

[2] Concept de Gilles Deleuze dans Qu'est-ce que la philosophie ?

En savoir plus :
Le site officiel de Sébastien Spirou


Gilles Deles         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=