Solo chorégraphique conçu par Jan Fabre et Annabelle Chambon et interprété par Annabelle Chambon.
De l'obscurité et sur une musique qui évoque in limine "Le Sacre du printemps" avant de se muer en spectrales envolées liturgiques, partition pour orgue, signée Bernard Foccroulle, oblige, émerge très lentement un sarcophage paré de glaïeuls blancs reposant sur un tapis de fleurs multicolores. Puis la dalle florale s'anime sous l'action de ce qui va se révéler un corps humain qui, libéré, est entraîné dans une stupéfiante et fascinante sarabande organique. Intitulé "Preparatio Mortis", ce solo chorégraphique conçu par le plasticien et metteur en scène Jan Fabre en collaboration avec la danseuse Annabelle Chambon sur la thématique de la mort, et plus précisément l'après-mort qu'il qualifie de "post-mortem stadium of life", se développe en deux mouvements.
Polysémique, aux confins du vitalisme et de l'organicisme, la partition première peut s'entendre comme une résurrection, l'émanation de l'âme, la délivrance d'une dernière once d'énergie vitale, la pulsion de vie qui induirait une métamorphose conforme au principe de conservation de la masse au terme duquel la matière ne disparaît pas mais se transforme.
Mais surtout, et de manière plus prosaïque et certaine, comme la représentation des étapes de décomposition des cellules qui aboutit à la production de gaz donnant l'impression de vie puis l'apparition des insectes nécrophages. Car ce corps phagocyté s'auto-consume avec fureur dans une irrépressible danse de mort avant de retomber sur le sol ravagé.
Ensuite, le deuxième mouvement, dont la primeur de la découverte doit être laissée au spectateur, intervient en forme d'ellipse qui n'est pas sans rappeler celle de l'épilogue du film "2001, l'Odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick.
Jouant avec différents concepts et esthétiques, "Preparatio Mortis" évoque également la forme dansée du Microbial Art, dont, par son corps féminin et son abondance florale, l'oeuvre "6 Days Goodbye Poems Of Ophelia" de JoWOnder,
Et la performance "incarnée" de Annabelle Chambon est saisissante. |