Seul en scène écrit et interprété par Marc Gelas dans une mise en scène de Yves Massari.
Pourquoi explorer le vaste monde, quand celui-ci se tapit déjà en chacun de nous ? Tel semble être le postulat de ce "Tango solo" où Marc Gelas, seul en scène, se lance à corps perdu dans une danse improvisée à quatre temps avec lui-même et entraine les spectateurs dans sa quête introspective burlesque matinée de joyeuse absurdité.
Combien sont-ils dans la tête de Marc Gelas ? Difficile de le dire, mais une chose est certaine, derrière la façade sociale qu’il nous présente en début de spectacle, cela vit, crie, rit et déborde d’énergie vitale.
Dans un flot ininterrompu de loufoquerie verbale, tel un Raymond Devos des temps modernes, il manipule l’absurde et la poésie avec une justesse rare et un phrasé pointu, entremêlant les temps introspectifs et la violence pulsionnelle la plus primitive.
Potentiellement un peu dérouté au commencement de ce voyage intime peu commun, le spectateur se laisse sans nul doute vite emporter par le talent du comédien, qui maîtrise son corps à chaque seconde pour dépeindre toute la complexité de la palette émotionnelle et faire évoluer subtilement mais sûrement son personnage vers une île de sereine acceptation de lui-même. Si les séquences sont assez inégales, certaines sont de petits bijoux de drôlerie, en particulier la scène des "bras mous".
Marc Gelas pratique l’auto-dérision comme personne pour libérer la parole et le rire dans un spectacle aux accents universels qui nous invite à mieux nous comprendre et nous accepter, avec nos laideurs, nos faiblesses et nos contradictions, pour ne garder au final que l’essentiel : une furieuse, farouche et inaltérable énergie de vivre. |