On rencontre Micah P. Hinson dans son hôtel dans le 13ème arrondissement de Paris, pas très loin du Petit Bain où il jouera ce soir. Dans le hall, l'ascenseur s'ouvre et apparaît ce jeune homme aux lunettes, en salopette, et aux cheveux gominés. Il marche avec son cane, suite à l'accident en 2010 à Barcelone, qui l'a forcé à interrompre la tournée et l'enregistrement de son album.
Il m'accueille très gentillement : "Hi, how are you doing ?". Il me demande tout de suite si on peut fumer une cigarette ensemble, dehors. Il est très content d'être à Paris mais avoue être crevé à cause du long voyage en traversant la France.
Devant nous, un jeune couple des parisiens s'arrête un instant pour regarder des bâtiments, Micah remarque leurs chaussures, des Stan Smith, et rit : "Look at them !". Il me dit : "They have the same kind of shoes". Je lui dis en riant : "In Paris everybody wears this kind of shoes, Micah !".
Il commence à me parler de la situation des grandes compagnies, des enseignes, du gaspillage et du consumérisme, il dit qu'il rêve d'un monde qui sort de ce système malade, un monde milleur pour son petit-fils de cinq mois, aussi. Il me demande : "So... do we start with the interview ?".
Ce soir, tu es là pour jouer la réédition de ton premier album enregistré sur Talitres, Micah P. Hinson and the Gospel of Progress. Pourquoi ce choix ?
Micah P. Hinson : Tout le monde fête des anniversaires et moi aussi je voulais en faire un ! Et puis j'ai enregistré cet album il y a 13 ans, j'étais à Manchester, et le son était plutôt le son d'un groupe, et maintenant j'ai changé, en tant que songwriter, j'ai adapté les guitares, les voix, pour obtenir un son plus... songwriting. Je veux écrire des chansons, pas de la musique !
Est-ce qu'il y a eu un moment exact dans ta vie où tu as compris que tu voulais être un musicien ?
Micah P. Hinson : Chez ma grand-mère, il y avait ce piano qu'elle jouait pour amuser ses amis, et c'est là que j'ai mes premiers souvenirs. Moi je nai jamais joué beaucoup, jamais fait trop de promotion, et j'ai realisé que les gens aimaient tout simplement bien ma musique et ils voulaient me voir en concert et écouter mes disques.
Est-ce que tu es en train de travailler à des nouveaux projets en ce moment là ?
Micah P. Hinson : J'ai un projet, The Broken Arrows, enregistré par l'italien Bronson Productions. On a fait un album sans titre, et on sortira en automne un nouvel album qu'en version vinyle, il n'y aura pas de distribution digitale et c'est donc un travail très difficile. Et je travaille à un nouvel album aussi. Ca va être quelque chose de vraiment différent des mes autres albums, quelque chose de très minimaliste, j'ai envie de changer.
En 2010, tu as écrit un roman, No Voy Salir de Aqui. Pourquoi en espagnol ? Quelles ont été tes inspirations pour ce livre ?
Micah P. Hinson : Ils ont dit qu'ils ne trouvaient pas une traduction pour le titre original "You Can Dress Me Up But You Can't Take Me Out"... il était peut être un peu trop long... mais c'est n'importe quoi ! Je ne voulais pas payer de compagnies pour publier mon livre, je cherchais quelqu'un qui était vraiment intéressé par mon idée. L'histoire est juste celle d'un mec, il y a des choses qui me sont arrivées et d'autres inventées. J'ai écrit aussi deux autres livres, et j'ai beaucoup de matière.
Tu aimerais bien les publier ?
Micah P. Hinson : Bien sûr ! J'aimerais bien les publier... Quand j'ai commencé à écrire mes chansons, j'écrivais beaucoup et j'avais une guitare. J'ai commencé par la musique... mais j'aimerais bien être un écrivain...
Quelles sont tes plus grandes inspirations ?
Micah P. Hinson : La musique ! J'ai une très grande collection de disques... J'écoute beaucoup Ministry, Psalm 69, Skinny Puppy, The Cure, Nirvana, Bob Dylan, Johnny Cash, Hank Williams...
Je suis inspiré par la littérature également. J'ai une grande collection des livres aussi : Gregory Corso, Charles Bukowski, Anthony Burgess, Kurt Vonnegut...
Comment naissent tes morceaux ? Comment composes-tu tes morceaux ?
Micah P. Hinson : Tous mes albums ont été enregistrés d'une façon différente, donc je n'ai pas vraiment une façon de le faire. Je peux juste dire que je compose avant la musique, et après je pense aux paroles.
J'aimerais bien faire un jeu avec tes albums. Est-ce que tu peux nous dire pour chaque titre quelle ville peut y être liée ?
Micah P. Hinson : That's cool ! Donc... The Gospel of Progress : je dirai Texas et Manchester. The Baby and the Satellite : c'est 100% Texas, je l'ai enregistré quand j'étais ado sur une 4-pistes. Micah P. Hinson and the Opera Circuit est sorti après mon opération du dos, j'étais chez moi au Texas. Pour The Red Empire, j'étais à Dallas dans cette vielle maison funéraire. Micah P. Hinson and The Nothing a été réalisé quand j'avais mes blessures aux bras, j'ai été invité en Espagne et c'est là que je l'ai enregistré.
C'est très bizarre pour moi tu sais, c'est ma vie ça ! Tous mes albums... c'est ma vie ! Cela fait bizarre de les voir écrits comme ça, je veux juste continuer avec ma musique. Merci pour cette question !
Merci à toi pour ta disponibilité, Micah ! See you !
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