Spectacle musical interprété par Odja Llorca accompagnée par le musicien Philippe Thibault et le vidéaste Olivier Garouste dans une mise en scène de Véronique Bellegarde.
La Compagnie du Zéphyr propose avec "Le Cabaret stupéfiant" un spectacle qui ne ressort pas de la magie ou de l'exploit physique.
En effet, le terme stupéfiant doit s'entendre dans son sens médical de substance psychotrope et ce cabaret, qui n'en fait pas l'apologie, prend la forme d'une immersion musicale dans le monde des paradis artificiels qui a toujours tenté et séduit les artistes, et ce bien avant les junkies de la contre-culture, pour explorer des territoires inconnus de l'inconscient et stimuler la créativité.
Inspiré par l'essai de Baudelaire qui relatait les soirées "Fantasias" du Club des Haschischins qui a fonctionné quelques années au milieu du 19ème siècle sous la direction d'un aliéniste et mis en scène par Véronique Bellegarde, il est présenté comme "une expérience inventive, sensorielle, musicale, poétique et aussi plastique" à travers une sélection de chansons et de textes qui évoquent l'expérience psychédélique, de la déréalisation planant au délire hallucinatoire, ainsi que le mal-être qui succède à une aléatoire extase.
Cabaret arty, "Le Cabaret stupéfiant" arbore une play-list classieuse, de Lou Reed à Gainsbourg en passant par Noir Désir, Bashung et Brigitte Fontaine, et puise dans un solide corpus poétique où émargent Baudelaire, Michaux et Allan Ginsberg.
Force est de constater que, sur scène et grâce à une osmose complice, les trois protagonistes parviennent à instaurer une atmosphère d'étrangeté qui résulte d'une combinaison subtile d'horreur, d'onirisme et de fantaisie grâce au second degré et à la licence poétique de certains opus.
Odja Llorca, chanteuse et comédienne, porte parfaitement chant, et texte avec une voix au vibrato atypique. Egalement au chant, le musicien Philippe Thibault, qui l'accompagne à la basse ou à la contrebasse, a signé les arrangements inédits qui métamorphosent les partitions originales.
Et ils officient dans une scénographie qui,outre les lumières ténébreuses de Philippe Sazerat, repose sur la projection triliquée, sur un écran en fond de scène, d'images conçues en direct par le vidéaste-manipulateur d'images Olivier Garouste qui naviguent entre graphisme psychédélique et montage surréaliste.
Par ailleurs ouvert aux guests, l'invité de la soirée fut l'acteur, auteur, metteur en scène, et musicien Gérard Watkins, en veste imprimé peau de serpent à défaut de santiags éculées et de stetson, qui a interprété deux morceaux de tonalité rock-folk à la Calvin Russell.
Singulier, insolite et insolent, ce spectacle encore tout jeune remplit son ambitieux cahier des charges et est promis à un bel avenir. |