Qu’importe l’endroit : les îles Orcades (Orkney Islands) en Ecosse ou la ville de Skelmersdale sortie de terre dans les années 60 en Angleterre. Qu’importent les sujets : partir sur les traces de ses racines, les paysages, le folklore, l’histoire d’un lieu et ses atmosphères, les gens : l’histoire de Betty Corrigall, une jeune femme qui, au XVIIIème siècle, s’est suicidée après avoir été bannie du village pour être tombée enceinte d’un mystérieux marin.

Avec The Magnetic North (Simon Tong (The Verve, Blur, Gorillaz, Erland And The Carnival), Hannah Peel et Erland Cooper (Erland And The Carnival)), c’est toujours l’assurance d’une musique pop classique mais d’excellente facture. Une écriture définitivement magnétique et soignée aux multiples genres musicaux (entre folk et électro) portée par un véritable souffle mélodique et des arrangements, dans une tradition toute britannique, travaillés ("Sandy Lane" en est un parfait exemple parmi d’autres).

On pourra quand même dégager quelques nuances entre Orkney : Symphony of the Magnetic North sorti en 2012 et ce Prospect of Skelmersdale : si nostalgie et mélancolie en modes mineurs sont toujours présents peut-être ce Prospect of Skelmersdale est plus intime, plus atmosphérique, moins lyrique et symphonique, plus resserré dans l’écriture sur le trio, plus direct aussi, la géographie s’y prêtant assurément moins.

Après un temps de recherche et de prospection : articles de journaux, interviews d’habitants, légendes urbaines, le groupe met de la musique sur un endroit déprimant, loin de tout fantasme et pas forcément super favorisé à la base mais avec une réelle touche d’optimisme et de poésie. L’idée étant de trouver le beau derrière la dureté et la grisaille, sans ironie ni pathos. L’utopie d’une vie nouvelle à Skelmersdale s’est confrontée à la réalité, l’espoir d’une nouvelle industrie ne s’est jamais concrétisé et le tout a pris une tournure surréaliste quand la communauté de la Méditation transcendantale (créée par le Maharishi Mahesh Yogi, gourou en son temps des Beatles) est venu s’y installer. Le groupe cartographie à sa manière le Royaume-Uni en partant des racines de ses musiciens pour mieux parler de nous…