Monologue écrit par Jean-Louis Bauer et dit par Elisabeth Bouchaud dans une mise en scène de Antoine Campo.
Jeanne, l’héroïne de "La Chair et l’Algorithme", fait partie de cette génération qui n’a pas grandi avec un téléphone portable, mais l’a intégré dans son quotidien dès l’adolescence sans jamais plus le quitter.
De coups de fils à sa mamie, en sms de rupture, d’installation "d’applis", de rappel d’anniversaire en gestion de comptes bancaires à distance, la vie de Jeanne s’accélère, de plus en plus connectée, de plus en plus virtuelle et finalement décorrélée du monde avec en toile de fond cette question lancinante : cette machine qui gère tous les aspects de nos existences de ne pourrait-elle pas tout simplement prendre notre place ?
Sixième collaboration de Jean-Louis Bauer (l’auteur) et Antoine Campo (le metteur en scène et scénographe), "La Chair et l’Algorithme" oscille ostensiblement entre fantaisie et comédie de mœurs, dressant le portrait d’une femme (Elisabeth Bouchaud) qui bien qu’en relation avec le monde entier apparaît, encore et toujours, seule sur scène.
L’univers de Jeanne, centré autour d’elle-même, n’est peuplé que de voix, de courts textes, de musique rock métal (très présente tout au long du spectacle) et de fantômes, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, virtuels ou réels, avec l’apparition récurrente de figures allégoriques et fantomatiques (incarnées par Marie Chaufour).
Si l'enchaînement des nombreux tableaux peine à trouver son rythme, l’empreinte visuelle et surtout sonore (orchestré par Stéphanie Gibert) de l’ensemble, extrêmement travaillé, crée un univers sombre et inquiétant à la rencontre entre deux mondes : celui de l’ici et maintenant dans la vie de Jeanne et celui de l’espace numérique, virtuel.
Une ambiguïté bien connue du monde théâtral qui tisse sans cesse les liens entre la scène et l’imaginaire. Une allégorie qui, en tout cas, donne à réfléchir. |