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In Lake  (Upton Park Publishing)  avril 2016

Certains disques, lorsque vous les laissez prendre vie dans votre platine, vous renvoient une musique tellement hypnotisante que vous ne pouvez plus vous en défaire, comme si elle vous délivrait un message que vous attendiez depuis très, très longtemps.

Le 29 avril prochain sort In Lake, le premier album du groupe Thomas Howard Memorial (aussi connu sous l'acronyme THM). Et quel album... Une pépite noire composée de 9 titres qui vous envoûtent de la première à la dernière note. In Lake est un album hanté par le passé et ses fantômes. L'impression est immédiate : THM nous embarque pour un voyage que l'on sait d'emblée magnifique. La sortie de l'album coïncide avec celle, dans les salles obscures, de  Thomas Howard Memorial - Live at Guerlédan, un film illustrant les titres d'In Lake.

Yann Ollivier (leader du groupe) est un grand fan des Pink Floyd et de, notamment, leur Live at Pompéi. Le groupe a donc eu l'idée de faire appel à un réalisateur qui, au vu des premiers rushes que j'ai eu la chance de visionner, m'a l'air extrêmement doué. Nicolas Charles (c'est son nom) s'est donc attelé à la lourde tâche de la création visuelle des morceaux. Le tout a été enregistré dans des conditions très particulières qui laissent, à mon humble avis, l'impression d'avoir réalisé quelque chose de très spécial, d'unique. Le tournage s'est déroulé en une nuit dans l'assec (lac asséché) de Guerlédan.

"From Dusk Till Dawn" nous annonce le trailer du film. Effectivement, tous les plans de la performance live ont été tournés du crépuscule jusqu'à l'aube suivante. Cette particularité apporte au film une nuance de couleurs et des atmosphères assez incroyables et très singulières. Entre la tombée de la nuit, sa noirceur qui fait écho à celle des textes, et le lever du jour accompagné d'une brume qui nous ramène encore à ce côté fantômatique, hanté, apocalyptique, le spectateur se trouve confronté à une belle palette d'émotions. Cette œuvre, cinématographique, est en parfaite adéquation avec celle, musicale, qu'elle accompagne.

A l'écoute du disque, on imagine aisément un shaman extirpant un bout de bois calciné encore brûlant d'un feu allumé à même la vase séchée et craquante du lac, l'écrasant dans le creux de sa main avant de s'en servir pour vous tracer une marque sur le front afin de prendre, l'espace de 47 minutes et 22 secondes, possession de votre âme et ainsi vous permettre de pénétrer la noirceur de l'oeuvre qui s'offre à vos oreilles attentives. Une noirceur qui peut faire penser à certains moments à une autre beauté sombre : l'album Pornography de The Cure. Un voyage initiatique vous disais-je...

In Lake est un album qui a connu une bonne maturation (2 ans et demi environ) et qui fait suite à deux EP déjà remarqués (Thomas Howard Memorial / How to Kill Kids). Pour avoir suivi le groupe lors de quelques uns de leurs concerts, je peux vous dire que le son de THM a évolué et qu'il prend, dans In Lake, une toute autre dimension empreinte de gravité et d'une densité certaine. Les instruments sont, bien entendu, totalement maîtrisés mais le son a pris de l'épaisseur (sans parler d'un mastering impeccable de Rémy Lebbos, le guitariste du groupe belge Vismets) et il permet aux compositions du groupe de nous toucher en plein cœur, tout en nous mettant une bonne grosse baffe au passage...

En effet, les membres de THM maîtrisent leur art et pour cause ; ce sont loin d'être des débutants. Dans le groupe, Yann Ollivier prend place au chant et à la guitare (il est également batteur au sein de The Craftmen Club), Elouan Jégat assure la partie lead guitar, claviers et choeurs (il est aussi chanteur / guitariste du groupe rennais Elk Eskape et... Aller chercher du côté d'un projet se nommant Skøpitone Siskø peut vous faire tomber sur de belles choses...), Vincent Roudaut se concentre sur la basse et les claviers (même si le bonhomme a bien d'autres cordes à son arc. Il suffit de le voir jouer de la guitare dans la très belle formation brestoise Seasons pour s'en apercevoir) et enfin, the last but not the least : Camille Courtes qui se charge de la batterie. Son jeu participe merveilleusement à la tension de l'ensemble. Il n'y a qu'à l'entendre répondre rageusement aux autres membres du groupe en faisant résonner ses fûts et en oscillant à la perfection entre les larsens et autres gros riffs de basse pour s'en persuader (Camille Courtes est en parallèle le batteur du groupe Fingers & Cream où il retrouve d'ailleurs deux autres membres de THM : Elouan et Vincent).

In Lake se compose de 9 titres superbes qui penchent soit du côté du désespoir le plus extrême, soit vers une détermination à se rapprocher d'une lumière salvatrice.

La traversée du lac commence par "Murder for Fun" qui ouvre l'album sur une ambiance qui peut faire penser aux Pink Floyd bien entendu (le son cristallin de la guitare résonnant dans des vagues de claviers aériens) mais également à du Radiohead à travers la distorsion de certains sons nous ramenant à l'époque bénie du chef d’œuvre OK Computer du groupe d'Abingdon. La voix de Yann Ollivier semble parfois se dédoubler entre abysses et stratosphère. Les deux voix se conjuguent parfaitement en apportant encore davantage d'épaisseur au propos. On pourra, en outre, apprécier le jeu de guitare d'Elouan Jégat qui apporte au rock de THM sur ce titre une touche d'africanité que ne renierait pas le groupe Foals (notamment entre 3'10'' et 3'45'' lorsque le duo Roudaut / Courtes accompagne le chanteur lorsqu'il annonce : "Gotta let you know / We gonna have fun / You can crush it with your foot / If you don't have a gun"). Ces échos magnifiques, habillés de nappes aériennes fomentées sur des claviers intelligents et parfaitement orchestrés, composent la dernière partie du titre avant de laisser un subtil duo grosse caisse / claviers le conclure avec brio.

L'album se poursuit avec "Round & Round". Ici, il fait froid et sombre. On se retrouve dans les tréfonds, l'eau ruisselle et les instruments se font menaçants : le son d'un ebow (archet électronique permettant de générer un champ magnétique faisant vibrer une corde de guitare et, ainsi, de faire durer la résonnance de sa note) ouvrant le morceau augmente de plusieurs crans la sensation de danger. Puis une tristesse infinie se dégage du chant de Yann Ollivier : "My eyes go through the remainings of my life with you / Round & Round until / My vision gets hurt by the pictures of you". Les accords du guitariste ont beau tenter de remonter vers une surface encore lointaine, rien n'y fait. Le poids est trop lourd. On se retrouve happés par un énorme maelström tout en sentant les larsens désespérés des guitares nous lacérer les tympans pendant que nous nous laissons engloutir, impuissants. Vers 3'50'', le calme revient, la nature a repris ses droits faisant disparaître les intrus de la surface du lac.

"Rupture" succède à "Round & Round" avec ses claviers inquiétants. Des sons de scie musicale nous indiquent qu'à présent les fantômes sont invités à la fête. "What have we got to celebrate ? / I'm gonna be dead / You know / It's hard to find the words / But have we got to celebrate ? / I'm dead / Again / I don't want to see you". On pense immédiatement à Archive en écoutant le morceau, l'Archive des grands jours, celui de Craig Walker et sa voix habitée tout comme l'est celle du chanteur des THM sur Rupture. Les vagues de claviers nous font tanguer sur cette barque fragile au milieu de ce lac prédateur. La peur de tomber, de sombrer est là, omniprésente... Elle ne nous lâchera pas jusqu'à une chute finale, magnifique et terrifiante.

Mais "Bad Things" arrive nous signifiant que l'humain veut se battre et lutter contre les éléments et sa propre condition. Cette batterie qui martèle et les larsens contrôlés de la guitare nous poussent à lever les yeux et à bouger les bras pour rester à la surface. La sirène d'alarme est déclenchée. On ne peut pas se laisser faire ainsi, sans se battre.

"Words cannot say / What you've made of me / I'd love to be safe / I'd love to be free / The bad things in you're head / Are too much for me / I guess you won't hit me once again /(…)
I don't think I will be back for you / I don't think that I'll come back"

"Bad Things" est un titre sublime qui monte en intensité jusqu'à la dernière seconde. A partir de 2'55'' et jusqu'à la fin du titre, les notes distillées par la guitare d'Elouan Jégat semblent l'aider à s'extirper de la vase mortelle du lac, entraînant avec lui ses compagnons qui atteignent ainsi la berge tant convoitée.

Le soleil perce ces sinistres cieux avec le morceau "In Lake" qui semble s'apparenter à une accalmie au milieu de la tempête. Le vent sèche les vêtements des naufragés. Là encore, la voix de Yann Ollivier nous rappelle le bon souvenir de Craig Walker. Sa voix habillée d' élégants échos s'envole en compagnie d'une guitare rythmique sobre, acoustique et de quelques subtiles notes électriques. L'instant est magique, majestueux et magistral dans sa simplicité. Mais la tension est malgré tout encore palpable. Même sur la terre ferme, se méfier, à jamais...

"I have my face on fire / How I'll get out of there myself / Alone in this water / Yeah I wondering myself / I have hands on fire / I didn't want an accident / I am stuck here mother / Till the end of my days / My days... / My days... / My days..."

"Eradicated Song" semble rebondir sur les soubresauts d'In Lake grâce à quelques discrètes notes d'Elouan. Le frontman, lui, est toujours haut perché et prodigue son chant comme s'il faisait un tour de montagnes russes. Le chant s'élève puis redescend avec douceur et légèreté. Puis, la batterie martiale de Camille Courtes annonce un virage serré avant de repartir vers d'autres hauteurs. Ce jeu de batterie revient régulièrement, comme si un peloton d'exécution était prêt à faire feu sur la délicate structure du morceau. Morceau qui, une fois encore, nous embarque pour finir sur un envoûtant tremolo à la guitare (qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le jeu de Daniel Kessler d'Interpol) et un solo qui s'entremêle avec une grosse ligne de basse, un jeu de batterie toujours virevoltant et une bonne grosse rythmique de guitare bien fat.

Cette explosion de sons fait ensuite place à "Alive" (titre original de l'album). Cette chanson éthérée est inspirée d'un drame qu'a vécu le leader de THM. Dans ce morceau rempli d'émotion racontant la douleur de la perte d'un être cher, les accords d'Elouan Jégat sont sublimés par un accompagnement au piano tout en douceur et par la voix du chanteur, tantôt résignée, tantôt remplie d'une énergie désespérée. Un break à 2'43'' (entre le bassiste et le batteur) précède une nouvelle déflagration à la fois sonique et émotionnelle. La tristesse du morceau est transcendée par des envolées nerveuses et aériennes. L'ensemble donne encore davantage d'ampleur aux "Stay alive" scandés par Yann. Le titre se termine sur le son jouissif d'un E-bow nous clouant sur place, conquis.

Avec "Boston", THM semble transposer son univers dans les bas fonds de la ville américaine du même nom. On pourrait jurer voir deux flics débarquer d'une Ford, dans une rue où le vent fait s'envoler les sacs de papier Kraft destinés à cacher les bouteilles d'alcool, alors que les quelques dealers sur place prennent la fuite en trébuchant. L'utilisation de l'orgue Hammond donne au titre une saveur feutrée et légèrement funky. "I heard the sound / I feel no reason to have a break / I smoke a joint to feel better / I feel no pain". Les bends faisant résonner cette note à 3'' semblent suspendre Boston dans ces vapeurs opiacées. Puis Elouan Jégat reprend son jeu accompagné des autres membres et tous, en harmonie, reprennent le déroulement du film THM.

"Six Feet Under" clôt le premier album des Thomas Howard Memorial. La basse répond à la très belle partition de piano tout en composant avec le jeu de Camille Courtes. Les cassures de rythme renforcent l'intensité dramatique de la chanson. "Six feet under / Closed in a box / I don't know where / I scream aloud / At skies above / Sequestrated in a box / I don't know why / I know / Let me sleep in peace an go / Perhaps I must leave the show / In the dark / I think now it's time to go / The silence as a friend".

Tous les instruments, encore une fois à l'unisson, enivrants dans la beauté désespérante du moment. Tel un huis clos rock, le morceau permet à tous les musiciens de former une véritable communion, une splendide messe noire prêchée par la voix sybilline de leur leader. On se trouve probablement entre le bleu profond d'un ciel estival et la noirceur énigmatique de l'espace infini. "Six Feet Under" constitue la pierre précieuse finale de l'édifice In Lake, un album tout en nuances, entre recherches soniques et moments de grâce éblouissants. L'émotion nous submerge...

Alors, quand ce disque tournera sur vos platines et avant que ses dernières notes ne retentissent, respirez profondément, fermez les yeux et appuyez sur repeat... Again, again and again...

 

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