Comédie dramatique de Brigitte Molkhou, mise en scène de François Ha Van, avec Sabrina Bus, Théo Frilet, Séphora Haymann, Brigitte Molkhou et Didier Niverd.
Dans son texte, "Novembre Alger", Brigitte Molkhou n' a qu'un but : raconter une belle histoire. Une histoire ensoleillée où les secrets sont toujours révélés à la fin de la pièce, à la fin de la vie.
Pour que ce théâtre très narratif prenne corps et chair théâtrale, la scénographe Clémence Kazemi, a imaginé une chambre d'hôtel avec quelques fauteuils avec en son centre, en arrière plan, un grand "tableau-miroir" qui, au fur et à mesure, va se remplir d'éléments géométrique blancs ou bleus. A la fin, y apparaîtra Alger tel que l'a sublimé le peintre André Elbaz, dans sa toile "El Djadida au rempart bleu".
Comme ce tableau qui se constitue ou se reconstitue pièce par pièce, "Novembre Alger" est le puzzle mémoriel d'une fille qui accompagne son père dans un ultime retour en Algérie.
Venu à un Congrès médical, le vieil homme ne veut plus repartir et tient tête à sa fille Stéphane, qui l'accompagne et qui veut rentrer en France. Ce qu'elle ne découvre que peu à peu, elle qui a été conçue de ce côté-ci de la Méditerranée mais qui est née à Paris, c'est que son père est en train de lui transmettre son passé, de la rendre héritière d'un immense héritage, bien plus large encore que celui qu'elle pressentait.
Beaucoup d'émotions dans ce récit qui emprunte la voie de la bienveillance et se sert des voix chères qui ne sont pas tues et sont même bien bruyantes à l'image de toutes les communautés qui formaient l'Algérie "française".
Bien entendu, on entendra Bob Azzam, on y parlera de ce qu'était cette réalité judéo-maghrébine devenue par la force des choses un oxymore. Sous le soleil et la lumière d'Alger, on n'évitera pas quelques poncifs et le rappel un peu plaqué d'un contexte historique que savait transcender ce père médecin des pauvres de toutes races.
Brigitte Molkhou fait de Stéphane une femme dans l'éclat de la maturité qui ne savait pas que ce voyage allait être un moment crucial de son existence. Elle forme avec Didier Niverd, un très crédible duo père-fille. Théo Frilet lui apporte sa jeunesse radieuse pour incarner le prototype d'une Algérie encore sensible à l'héritage français. En fantômes bien vivants, Sabrina Bus et Séphora Haymann ont le charme de la frivolité.
Dans sa mise en scène François Ha Van sait jouer entre moments rythmés et nécessaires plages de silence pour que Brigitte Molkhou s'y retrouve dans ce récit dense et si personnel mais qu'elle finit par rendre universel. |