Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce La Mouette
Théâtre National de l'Odéon  (Paris)  mai 2016

Comédie dramatique de Anton Tchekhov, mise en scène de Thomas Ostermeier, avec Bénédicte Cerutti, Valérie Dréville, Cédric Eeckhout, Jean-Pierre Gos, François Loriquet, Sébastien Pouderoux, Mélodie Richard et Matthieu Sampeur.

Ce spectacle appelle deux précisions liminaires. En premier lie, si la trame de l'opus original subsiste, il ne s'agit pas de "La Mouette" de Anton Tchekhov mais de "La Mouette" de Thomas Ostermeier.

Et cela en raison d'un texte qui résulte d'une adaptation réalisée de manière shadokienne avec les déperditions et errements qui en découlent et expliquent sa médiocre qualité.

En effet, il ne s'agit pas d'une traduction française du texte russe mais du texte russe traduit en allemand qui a ensuite été librement adapté par Thomas Ostermeier, puis traduit en français par Olivier Cadiot qui s'est inspiré de la traduction du russe au français effectuée par Antoine Vitez.

D'autre part, la partition jouée résulte d'un agrégat peu convaincant car le texte tel que pré-décrit a été mixé avec une écriture de plateau en ce qu'il inclut les improvisations des comédiens, selon la notion chère à Thomas Ostermeier d'"acteur-créateur", et des inserts, à la manière warlikowskienne, de textes et citations telle par exemple la lecture d'un extrait de "Plateforme" de Michel Houellebecq.

Enfin, si Tchekhov résumait "La mouette" à une comédie comportant "peu d'action et cinq tonnes d'amour", celle d'Ostermeier, contextualisée dans un milieu de bourgeois saganiens en villégiature à Ramatuelle, nonobstant le paysage de montagnes suisses en fond de scène lié à la création du spectacle au Théâtre Vidy-Lausanne, mais davantage des névrosés autocentrés que des existentialistes sartriens dont les rapports en bilatéral sont placés sous le signe du paroxysme voire de l'hystérie et dépourvus d'amour.

Car outre le conflit de générations autour de l'art, du type querelle des anciens et des modernes qui est largement phagocytée par le souci de sauvegarder ses acquis et ses privilèges, la pièce repose sur une chaine amoureuse, mais exclusivement d'amours inaccomplis, présentée en l'espèce de manière particulièrement caustique.

Ainsi le brave instituteur (Cédric Eeckhout qui cherche désespérément une contenance) aime Macha face de carême et pleureuse patentée (Bénédicte Cerutti toujours larmoyante) qui aime Konstantin, fils à maman qui se croît le chantre du théâtre nouveau (Matthieu Sampeur rebelle en baskets et pantalon de jogging) qui aime Nina une ingénue qui rêve de gloire (Mélodie Richard au jeu maniériste) qui aime Trigorine écrivain prolifique et reconnu (François Loriquet en gentleman-pêcheur) qui est aimé par Irina actrice sur le déclin mégalomaniaque et hystérique (Valérie Dréville avec une voix aigüe de veille petite fille) mère ambivalente et pseudo-incesteuse de Konstantin et soeur de Sorine (Jean-Pierre Gos) qui se meurt malgré la présence dilettante docteur Dorn (Sébastien Pouderoux) qui préfère chanter.

Deuxième précision, la pièce est précédée de deux prologues intempestifs. Le premier, un "story-stelling" au cours duquel deux comédiens parlent de la situation des émigrés syriens en France et du récent recours à l'article 49-3.

Le second constitue une diatribe (autodérisionnelle ?), pertinente mais hors de propos, dirigée contre le théâtre post-moderne et les récurrences de mise en scène des metteurs en scène qui s'avère paradoxale dès lors que Thomas Ostermeier pratique les travers fustigés.

Tels, et entre autres, la scénographie "white cube" (habitude de son scénographe attitré Jan Pappelbaum qui la décline en l'occurrence en "grey cube"), la suppression du quatrième mur (mais les comédiens s'assoient dans la salle pour la scène du théâtre), la nudité (mais il y recourt régulièrement, comme dans "Mesure pour mesure" ou plus récemment "Richard III" et en l'espèce la robe voile de portée par Nina équivaut à la nudité) et l’usage invasif des riffs de guitare et de chansons (alors, qu'en l'espèce, le spectacle est introduit par le désormais incontournable "Rock'n roll suicide" de feu David Bowie et scandé par des standards du rock undergound des années 1960.

De plus, dans la scène du théâtre, il y recycle le symbolisme pompier de la scène l'animal suspendu et éventré et du bain d'hémoglobine vus dans son "Mesure pour Mesure".

A noter, au plan scénographique, la belle performance de la peintre Marine Dillard qui monumental paysage évolutif en fond de scène qui s'avère toutefois une fausse bonne idée car elle a pour conséquence sa présence intrusive, en combinaison de chantier et maniant le pinceau télescopique du colleur d'affiches, pendant quasiment toute la durée du spectacle, et celui-ci, en raison de la scène surélevée de l'Odéon ne peut être distingué que par les spectateurs situés à une bonne distance, les autres devant se contenter de pavés noirs et d'une rideau de coulures.

Cela étant, si le jeu des acteurs n'est pas incarné et ne suscite donc guère d'émotion ni même d'empathie, il illustre parfaitement le manque d'humanité du quatuor infernal (Konstantin, Nina, Irina et Trigorine) tous dévoués à leur égocentrisme et la cruauté de leurs relations en bilatéral au gré d'une combinatoire qui regroupe tous les appariement possibles.

Là réside sans doute la percutance du spectacle qui s'achève sur une mort annonciatrice de drames en cascade et sur un noir absolu constellé des miroitements d'une boule à facettes. The show goes on.

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=