Comédie de Molière, mise en scène de Christian Schiaretti, avec Robin Renucci, Jeanne Cohendy, Patrick Palmero, Jérôme Quintard, Thomas Fitterer, Philippe Dusigne et Maxime Mansion.
"L'Ecole des femmes" de Molière constitue une partition souvent à l'affiche, en raison de l'intemporalité de la thématique politique relative à la condition féminine et à l'enfermement des femmes, et fait l'objet, nonobstant la qualification de comédie par son auteur et son (invraisemblable) heureux dénouement, non seulement de contextualisation mais de transposition dans le genre de la comédie dramatique. Dans le cadre des spectacles des Tréteaux de France, centre dramatique itinérant dédié au théâtre populaire, Christian Schiaretti la met en scène, d'une part, dans son "jus", en costumes d'époque, et, d'autre part, comme une comédie de tréteaux ressortant à la farce clownesque. Celle-ci se déroule dans un dispositif dehors/dedans façon pop-up, conçu par Fanny Gamet, avec une place de village au centre de laquelle sont posés des tréteaux représentant le seuil de la maison de détention d'Agnès, la pupille d'Arnolphe, barbon célibataire désireux de prendre femme mais obsédé par la situation commune de mari trompé liée à une conception archaïque de la nature féminine qui ne serait que duperie. Aussi a-t-il choisi sa future quasiment au berceau pour l'élever hors du monde, dans la réclusion et l'ignorance, afin de la soumettre à ses seuls désir et pouvoir - que Christian Schiaretti présente comme une demeurée (Jeanne Cohendy qui en compose tous les signes extérieurs), ce qui n'empêche pas une farouche malice. Mais les peu futés serviteurs (Laurence Besson et Jérôme Quintard) sont d'inefficaces geôliers, les lois de la nature titillent la demoiselle et il y a toujours un galant qui passe, en l'occurrence, un délicieux blondin à l'air de ravi de la crèche (Maxime Mansion). La déconfiture d'Arnolphe se déroule dans un décor peint sur paravents à la rudimentaire simplicité, tel un dessin d'écolier malhabile, qui contraste avec les costumes chatoyants de Thibaut Welchin eux-mêmes antinomiques avec le maquillage noir-blanc des comédiens masculins qui évoque celui des acteurs burlesques du cinéma américain. En l'espèce, Arnolphe, souvent représenté comme un vieillard rébarbatif, est un encore bel homme dans son pourpoint brodé et prend les traits de Robin Renucci qui, conjuguant cocasserie et pathétique, mène la danse avec un sens aigu de la bouffonnerie.
Figure centrale de la partition, il impulse efficacement le rythme à un spectacle choral également interprété par Patrick Palmero, l'ami pragmatique, Thomas Fitterer et Philippe Dusigne.
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