Tragédie lyrique en un acte de Francis Poulenc d'après la pièce éponyme de Jean Cocteau, mise en scène de Juliette Mailhé, interprétée par Caroline Casadesus accompagnée au piano par Jean-Christophe Rigaud. C’est bientôt l’été et le Théâtre de Poche-Montparnasse installe un cabaret dans sa petite salle, avec chaises de bistrot et tables de café.
"La Voix humaine", œuvre poignante de Jean Cocteau, inspirée de la passion qu’inspira au poète Raymond Radiguet et transposée en amour orthodoxe - créée par Berthe Bovy et magnifiée au cinéma par Anna Magnani - a également été mise en musique par Francis Poulenc et jouée dans le monde entier.
Une femme vieillissante gémit dans la nuit, plaquée par son jeune amant qui lui téléphone encore pour régler les derniers détails pratiques. Profitant jusqu’au dernier hoquet de celui qui la fait frissonner, la très moderne "appelante" compulsive sent monter les forces de la nuit et approcher le silence assassin. Elle devient sublime d’angoisse et de douleur, jusqu’à une extase inversée.
La version chantée, mise en scène par Juliette Mailhé, présente des périls incessants que la cantatrice, Caroline Casadesus sait éviter, donnant de l’émotion à la place de l’hystérie, assez calme, finalement, tout à ses notes. Le pianiste, Jean-Christophe Rigaud l’accompagne avec métier. Le prélude "La Dame de Monte-Carlo", charmant et funèbre, donne le ton.
Le public aime réentendre cet opéra de la solitude, annonçant l’ère déprimante des portables, des fils, des bouchons d’oreilles, des fadas et fadettes, soliloquant à voix haute dans les rues.
Mais là, il y a un enjeu : on s’aime pour de vrai. Et on en meurt. Surtout qui aime vraiment.
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