Je sais qu’il n’aime pas trop que l’on dise cela de lui, mais je considère Thomas de Pourquery comme un génie, pourtant si l’on considère la définition du Larousse : Aptitude naturelle de l'esprit de quelqu'un qui le rend capable de concevoir, de créer des choses, des concepts d'une qualité exceptionnelle nous sommes dans le vrai, enfin bref, nous le retrouvons avec toujours autant de plaisir, cette fois avec le Red Star Orchestra.
Le big band composé d’une vingtaine de musiciens et emmené par Johane Myran est né en 2009 à Saint-Ouen (d’où le nom de Red Star…) d’une passion commune pour les grands ensembles comme ceux de Count Basie, Duke Ellington, Fletcher Henderson, Chick Webb ou celui de Jimmie Lunceford, peut-être le meilleur orchestre de jazz de tous les temps, et son répertoire se compose comme il se doit d’arrangements originaux.
Comme disait très justement Hugues Panassié : "un orchestre, pour donner satisfaction absolue, doit avoir trois qualités principales : perfection des exécutions d’ensemble, grands solistes et au moins un grand arrangeur". Le Red Star Orchestra possède indéniablement ses trois qualités. Après une première expérience plutôt concluante avec Olivia sings for the Red Star en 2012 où l’orchestre avait invité Olivia Ruiz, Johane Myran remet donc le couvert avec Thomas de Pourquery en lui proposant d’arranger ses standards de jazz préférés. Le mélange des deux univers est d’une totale évidence. A la fougue, à la voix de velours, au charisme et à la présence de Thomas de Pourquery se mêle swing, free jazz et expérimentations plus contemporaines.
Broadways se veut comme une véritable histoire, chaque titre servant d’illustration à un personnage imaginaire perdu au milieu de Broadway. Le résultat est d’une classe, d’une élégance folle. Les arrangements sont absolument pertinents (mention spéciale pour "Night and Day" de Cole Porter, "Lush Life" de Billy Strayhorn ou "You don’t know what love is" de Don Raye & Gene de Paul), la musique est totalement maîtrisée de bout en bout (nous avons à faire à d’excellents musiciens) et Thomas de Pourquery prouve qu’il a autant de talent pour jouer du saxophone que pour utiliser sa voix de baryton crooner, en jouant avec les nuances, les caractères (du doux au rugueux, en en faisant des caisses juste quand il faut).
C’est rutilant, c’est enthousiasmant, c’est totalement dans l’esprit, c’est simplement excellent !
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