Spectacle conçu et mis en scène par Nicola Fano, avec Cristiana Casadio, Stefan Sing et Carlotta Viscovo.

Dans "Picasso Parade", le metteur en scène Nicolas Fano et le chorégraphe Paolo Mohovich imaginent que le tableau de Picasso, période bleue, "La famille de saltimbanques" prend vie.

Au sein du Palazzo Madama de Turin les comédiens accueillent les spectateurs dans la position des protagonistes de la toile. Le plateau rectangulaire occupe le centre de la somptueuse salle des fêtes du palais tandis que les spectateurs sont assis tout autour de cet espace.

Carlotta Viscovo va réciter un texte, en italien, écrit par Nicolas Fano, traitant du passage par Picasso du figuratif au cubisme. Pendant ce temps, les artistes de cirque allemands Stefan Sing, dans le rôle d'Arlequin, et Cristiana Casadio, dans celui de la danseuse, jouent et jonglent au milieu des spectateurs.

Au-delà de la réflexion sur l'évolution du trait chez Picasso, de la performance des artistes et du mélange des arts (musique, danse, théâtre, cirque contemporain), on est saisi par la puissance des symboles qui parcourent cette pièce au format inhabituel.

Il y a d'abord la mise en mouvement des personnages de la toile comme prémisse à la déstructuration du dessin chez "le Minotaure". Les saltimbanques de Picasso, alors que la toile date de 1905, investissent une demeure royale. L'art populaire et le divertissement se sont affranchis en un siècle de la notion de classe.

Pourtant le spectacle se déroule au son des musiques traditionnelles de spectacle de cirque, mais aussi sur l'air du thème de "La Strada" de Fellini, écrit par Nino Rota, renvoyant ainsi une image de dénuement des artistes du spectacle vivant, à un moment où, dans tous les pays d'Europe, les politiques culturelles voient leurs budgets mis à mal.

Original, intelligent, on regrette de ne pas mieux saisir le texte en italien pour se laisser porter au gré des réflexions de Picasso sur son art, le figuratif et le prmitivisme, mais on est emporté par la poésie du mouvement des corps et la force des symboles.