Quelques difficultés liées à l'informatique m'obligent à arriver tardivement sur le site. Je reste un peu à l'écart pour assister à la seconde partie du concert de Grand Parc, afin de ne pas sacrifier mon matériel photographique. Car le duo caennais, accompagné de deux autres musiciens, offre son spectacle sous une pluie battante. Leur rock pop psychédélique a réussi à scotcher les premiers festivaliers devant la grande scène. Il est agréable de se laisser porter dans les méandres mélodiques du groupe. Dans des conditions difficiles, ils remercient le public pour leur courage à affronter les éléments.
Grand Blanc est à classer entre Lescop, Bagarre, Crystal Fighters et les groupes réédités par le label Infrastition. Dès le premier morceau, "Degré Zéro", le public se masse sous la pluie, puis devient de plus en plus nombreux. Les basses sont mises en avant. Grosse prestation qui se termine par "Samedi La Nuit".
Jeanne Added a, en festival, un public plus mélangé et moins communautariste qu'à Paris. L'album, plutôt mal équilibré, trouve plus de cohérence en live. Le public découvre et commence à danser. Moins accaparée par ses instruments qu'auparavant depuis que Narumi Hérisson de Tristesse Contemporaine l'accompagne sur scène, Jeanne Added va chercher le public, se rapproche du devant de la scène, saute sur place. La pluie, qui s'est enfin arrêtée, entraîne néanmoins quelques problèmes électriques et des grésillements en son de façade. Professionnel, le résultat ne me fait cependant pas vibrer.
La bonne surprise de ce dimanche vient de Jain. Seule en scène, la jeune femme qui n'a qu'un album au compteur, entre reggae, électro et hip-hop, met le feu au festival. Peu d'effets de manche, juste une présence, des mélodies accrocheuses, de la bonne humeur et beaucoup de professionnalisme. Son style n'est pas ce qui me fait vibrer, mais le talent de la jeune femme est indéniable.
On laisse Lou Doillon miauler sur la grande scène et on revient pour Beirut. On avait aimé Gulag Orkestar sorti en 2006. Zach Condon revient avec un quatrième album, No No No, en 2015. Par contre, sur scène, le projet semble avoir peu évolué. La surprise n'est plus là. On continue à apprécier, à passer un bon moment, mais il manque une touche de nouveauté, peut-être dans les arrangements pour que Beirut nous embarque vraiment.
La vraie déception vient de PJ Harvey. Les critiques sur son récent concert à We Love Green était dithyrambiques. A Beauregard, tout semble sage et attendu. La voix est là, les huit musiciens qui l'accompagnent, dont les indeboulonnables Mick Harvey et John Parish, sont en ordre, l'ensemble est élégant mais la sauce ne prend pas. Est-ce la faute de l'horaire, ou du public, qui pourtant connait le nouvel album ? Deux fans, Laura qui a vu le concert parisien et François qui a assisté à la prestation à Glastonbury, l'expliquent que ce n'est pas le même, qu'elle est peut-être fatiguée ou que l'enjeu n'est pas le même pour elle. Peu importe, au final, PJ Harvey a, malgré la mise en scène et les costumes, donné une prestation qui a fait pschitt.
Louise Attaque a dans son escarcelle des hits et des tubes à n'en plus finir, même si tout le monde s'accorde à dire que l'album de leur retour est clairement dispensable. Le devant de la petite scène est noir de monde et il est difficile d'approcher. Alors que Gaëtan Roussel nous avait agréablement surpris à Beauregard en 2011, il semble moins à l'aise lors de cette huitième édition. D'ailleurs, sa voix est encore plus éraillée qu'à l'habitude. Les interprétations des morceaux sont scolaires. Même si le public est heureux d'entendre les hymnes qu'il connaît, mais, comme auparavant avec PJ Harvey, le concert ne tient pas ses promesses.
Heureusement, Jurassic 5 vient clôturer le festival. Même si, pour des raisons techniques, le concert commence avec une demi-heure de retard, ceux qui sont partis ont eu tort. En milieu de scène, une platine géante sert à faire des scratchs. Les quatre rappeurs et les deux DJ's s'en donnent à coeur joie. Sur un sample de "Another one bites the dust" de Queen, ils esquissent même quelques pas de danse à la manière d'un boys band. Jurassic 5, dinosaures du rap US, a donc offert un des concerts les plus ludiques de cette édition 2016 de Beauregard.
Malgré les conditions difficiles, Beauregard a accueilli sur quatre jours 88.000 spectateurs, établissant ainsi son record d'affluence. On remercie cette année encore l'organisation pour son accueil et les conditions de travail qui nous sont offertes. Et on félicite encore une fois les bénévoles pour leur travail. |