Comédie dramatique écrite et mise en scène par Mélanie Charvy, avec Mathias Bentahar, Yasmine Boujjat, Aurore Bourgois Demachy, Tristan Bruemmer, Virginie Ruth Joseph, Clémentine Lamothe et Aurélien Pawloff.
Du Théâtre social ? Militant ? Là, maintenant ? Peut-on rire, plutôt, rêver ? Légèrement ? Oh oui, de la légèreté ! Poussez la porte de la baraque. Les saltimbanques préparent le rendez-vous.
Un texte inspiré est écrit. Légèreté. Théâtre. Surprise. Déploiement du charme. Le cerveau et le cœur attendent de se remettre enfin en route.
Dans un centre de réfugiés. De rétention. Un jeune couple arrive du bled. Un employé fait son travail. Le chef surveille les chiffres. Il faut expulser. Les "humanitaires" baissent les bras, les agitent. Tout explose. Mais on s’aime encore. On espère toujours. C’est la vie. Ce n’est pas une vie d’attendre un tampon administratif.
Peut-on recevoir toute la misère du monde : Ca se reçoit la misère ? Soit, l’Autre est un frère, soit c’est de la chair à canot. Destination : les fonds marins de la Mare Nostrum. Voilà de quoi réviser nos humanités.
Mélanie Charvy a frappé juste et fort avec un texte dense et aéré à la fois. On rit, de tout, ce n’est pas politiquement correct, tout est dit, avec les entrailles, on réfléchit, on se lève, on s’indigne enfin. On arrache les voiles, on remet du cap, on relance le moteur. Il n’y a pas les bons et les méchants, mais les impuissants malheureux et ceux qui n’ont rien à perdre. On prend la gifle salée en pleine tête.
Chef de troupe (sa Compagnie Les Entichés) , Mélanie Charvy s’est entourée de son comédien fétiche, Aurélien Pawloff, très puissant, qui rappelle le jeune Orson Welles, mais aussi de Tristan Bruemmer, excellent, de Yasmine Boujjat, électrique, de l’énigmatique Virginie Ruth Joseph, ou encore de Mathias Bentahar, Clémentine Lamothe, Aurore Bourgeois-Demachy, tous bien distribués.
La culture, et "Provisoire(s)" fait œuvre de culture, se doit d’apostropher maintenant ce temps troublé qui a cru follement à la "fin de l’Histoire". Provisoire, la situation. Et le s, une foule, mise dangereusement entre parenthèses. |