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puce La Porte du Paradis (Heaven's Gate)
Michael Cimino  mai 1981

Réalisé par Michael Cimino. Etats Unis. Drame. 3h39 (Sortie le 22 mai 1981). Avec Kris Kristofferson, Christopher Walken, John Hurt, Sam Waterston, Brad Dourif, Isabelle Huppert, Joseph Cotten et Jeff Bridges.

"Do you remember the good gone days ?"

Michael Cimino est mort le 2 juillet 2016. Il n’avait rien tourné depuis "The Sunchaser", ce curieux périple où deux hommes partaient à la recherche d’un lieu magique capable de guérir tous les maux. Pourtant, on ne peut pas s’empêcher de ressentir un vide à cette nouvelle.

Est-ce parce l’on pense à ce grand projet qui ne verra jamais le jour, "Conquering horse", et dont Cimino aura rêvé pendant des décennies sans jamais pouvoir le réaliser ? Il voulait filmer les Indiens comme personne avant lui ne l’avait fait. Et ne le fera sans doute jamais.

Pendant des années, il fut accusé - injustement - d’avoir causé la fin de ce Nouvel Hollywood qui avait révolutionné le cinéma des années 70. Le désastre financier qu’avait constitué "Heaven’s Gate" n’était que le symptôme d’un monde déjà déclinant. Ce film, amputé, mutilé, massacré a pu renaître en 2013, dans une version restaurée de trois heures trente.

La Filmothèque du Quartier Latin rend hommage à ce cinéaste inclassable, toujours en marge. C’est l’occasion de revoir ses meilleurs films : "Thunderbolt and Lightfoot", où Cimino imagine une bouleversante amitié entre Clint Eastwood et Jeff Bridges ; "The Year of the Dragon", mal accueilli à sa sortie, film d’une incroyable noirceur sur la quête destructrice d’un policier vengeur ; "The Deer Hunter," le plus connu, sans doute, sublime retour à la maison de soldats après la guerre du Vietnam. Sans oublier, donc, "Heaven’s Gate", plus beau à chaque vision.

Tout commence à Harvard. C’est le dernier jour de l’année, les étudiants sont diplômés. Mais au milieu de la liesse et des chansons, on sent déjà poindre une sourde mélancolie. "C’est fini", dit Billy à son ami James. Dans la nuit, à la lueur tremblotante des bougies aux fenêtres, les jeunes gens ont déjà quelque chose de spectral. Alors que s’éteignent les lumières de la jeunesse, une ellipse nous transporte vingt ans plus tard. James est là, vieilli, si vite.

Devenu shérif, il revient au comté de Sweetwater. Il apprend que les riches éleveurs ont choisi un moyen drastique de protéger leur bétail des immigrés pauvres qui le volent parfois : une liste noire de 125 noms a été fournie à un groupe de tueurs. James tente de faire partir une jeune prostituée nommée Ella pour la protéger. C’est Isabelle Huppert qui l’incarne, fin visage de chat et moue butée.

A cette intrigue politique et historique, Cimino ajoute une histoire d’amour complexe. Comme dans "Deer Hunter", deux hommes convoitent cette femme déterminée. Le rival de James, Nate, est un immigré, comme Ella. Et comme elle, il veut trouver sa place, s’installer. James est riche, il ne l’est pas. Trois jours vont faire basculer le destin de tous ces personnages, trois jours intenses qui constituent la majeure partie du film.

Grand admirateur de Ford, Cimino excelle à filmer les scènes de vie en communauté. L’immense valse sur la pelouse d’Harvard trouve un écho dans le cercle des immigrés qui dansent en patins à roulettes, le temps d’un moment de bonheur partagé. L’épique des scènes de combat, hommages évidents au "Fort Apache" de Ford, les scènes de réunion entre les immigrés trouvent des contre-points dans les moments d’intimité entre les trois personnages principaux.

On aurait envie de citer des scènes, de les décrire. Mais il y en a tant, dans ce long film qui passe comme un rêve nostalgique. On pourrait parler des visages si "eisensteiniens" des émigrés. On pourrait parler de cette séquence où Nate, qu’on a découvert au début du film comme assassin, regarde avec anxiété Ella. Il a retapissé toute sa cabane avec du papier journal pour lui plaire, pour qu’elle accepte de vivre avec lui.

On pourrait parler de Billy, toujours ivre, toujours triste, bouffon tragique et lucide qui a choisi de faire de regarder sa vie se défaire, en esthète pré-fitzgéraldien. On pourrait enfin parler du dernier regard de Kris Kristofferson à la fin du film, chargé de douleur et de tristesse.

Tout, jusqu’au moindre détail, est pensé, pesé. Chaque instant du film est le fruit d’un intense travail de reconstitution, d’une minutieuse volonté de contrôler chaque élément qui passe dans le cadre. Et pourtant, tout n’est que vie, que mouvement.

Car c’est bien le temps qui est au centre du film. Ce qu’il fait aux êtres, ce qu’il dérobe, les souvenirs qu’il laisse. Ces souvenirs, on peut les compter sur les doigts de la main. Ce sont de rares instants, intensément vécus, que James et Billy peuvent se rappeler du fond de leur solitude.

Très proustien, le film donne à voir les ravages que le temps cause sur les visages. Lanternes magiques qui nous renvoient notre propre vieillissement malgré eux, ils reflètent l’instabilité d’un monde condamné à disparaître.

 

Anne Sivan         
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