Qu’importe le pourquoi du comment, les raisons qui ont poussé la chanteuse Barry (à ne pas confondre avec la superbe Berry, mais Barry pourrait être son reflet noir…) à reprendre Marie Laforêt. En l’occurrence ici, c’est en découvrant une vieille photo de son père avec la célèbre chanteuse des années 1960-70 que l’idée lui est venue. Les sarcastiques trouveront l’idée saugrenue, pourtant c’est mal connaître le répertoire, l’univers plein de poésie mais également souvent sombre de Marie Laforêt. Il faut du courage, de l’audace et sûrement un peu de folie pour s’attaquer à cet univers mais Barry n’en manque pas.
Barry, c’est Violaine Gillibert, jeune comédienne (Venus Noire d’Adellatif Kechiche en 2009, Ma part du gâteau de Cédric Kaplisch en 2010, Superstar de Xavier Giannoli en 2012, La fille de Brest d’Emmanuelle Bercot en 2016…), romancière (L’écharpe blanche aux éditions Mercure de France) et donc chanteuse. Et puis Violaine Gillibert, Barry donc a choisi avec intelligence et perspicacité de s’accompagner du producteur et arrangeur Marc Collin (Nouvelle vague, Indurain, Hollywood, Mon Amour, Bristol…) qui reconstruit les chansons de Michel Jourdan, Eddy Marnay, Gérard Layani ou encore André Popp et les enveloppe d’un voile synthétique tendance cold wave.
De son côté, la voix de la jeune française, avec son phrasé, si chic et feutré, sa voix d’alto se marie parfaitement à la musique de Marie Laforêt. On y retrouve même chez elle une intensité, une fragilité, une féminité exacerbée qui lui permet de réinterpréter avec pertinence des titres comme "Mon amour, mon ami", "Viens, viens", "Marie douceur, Marie Colère", "Tu es laide", "Je voudrais tant que tu comprennes"…
Après avoir dépassé le stade de l’étonnement et malgré quelques lourdeurs parfois (notamment dans la façon de lier la prosodie à la musique) et quelques facilités stylistiques (le phrasé occasionnellement emprunté ou précieux, un côté sur sombre), cela fonctionne plutôt assez bien. Marc Colin est un spécialiste de la réappropriation musicale, cela n’a donc rien de surprenant. Et puis on se pique de réentendre ce répertoire, ces chansons, à réécouter autrement ces textes que l’on connaissait forcément et qui font partie, qu’on l’aime ou non du patrimoine musical. A découvrir donc.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.