Big Deal sort son troisième album chez Fatcat Records et, le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe envoie du bois.
La première chose à faire est de vous rassurer, vous qui avez connu les affres des programmes télévisuels diffusés par TF1 dans les années 1990. Le contenu de ce disque n'a rien à voir avec Vincent Lagaf' (aucun risque donc d'y voir figurer un ''Zoubida Extended Mix''). Une fois cette crainte dissipée, vous pourrez entamer l'écoute disque sur votre platine préférée.
Big Deal est un groupe de pop-rock londonien alternant sur leur troisième effort, Say Yes, des phases de grunge et de shoegaze. Alice Costelloe et Kacy Underwood s'y partagent les chants et les riffs de guitares. L'ambiance du disque est très électrique et les morceaux prennent, tour à tour, la forme de balades ("Saccharine", "Veronica", "Don't Forget", ""Still My Dream", ""Idyllwild''), de titres industriels ("V.I.T.R.I.O.L." ou le merveilleux "Lux") ou de titres explosifs, compulsifs, dont l'énergie brute ne peut que vous entraîner à l'écoute répétée des pistes de Say Yes ("Hold Your Fire", "Avalanche", "Say Yes"). On notera même la propension de certaines chansons à vous faire taper rageusement du pied ou de la main sur une table, ou toute autre forme de mobilier urbain ou domestique à votre portée, pour accompagner la basse de Huw Webb ou la batterie de Mel Rigby (Desbosh.me n'a plus qu'à bien se tenir !).
Le morceau ''Say Yes'' est un titre énorme. C'est bien simple, en l'écoutant on a l'impression d'émerger au lendemain d'une soirée de beuverie chez un copain, de se retrouver devant un écran de télévision allumé diffusant des clips de groupes d'outre-Manche, au milieu des autres invités encore endormis. Des clips qui se révèlent diablement efficaces pour réveiller n'importe quel pilier de bar. La guitare corrosive et abrasive, la basse bien lourde et le jeu de batterie très agressif pourraient procurer un orgasme à celle (ou celui) qui y porterait suffisamment d'attention. Du pur bonheur pour les oreilles.
Et que dire de la voix d'Alice Costelloe ? Elle est diaboliquement envoûtante. Son chant clair, perçant et cristallin fait fureur et se marie tellement bien au son saturé des guitares... D 'ailleurs, de manière générale, les voix d'Underwood et de Costelloe s'accordent parfaitement. Cependant, au risque de me répéter, vous ne sortirez pas indemne de l'écoute de ce disque. Une fois que vous l'aurez entendue, la voix d'Alice Costelloe vous hantera très longtemps...
Le groupe, tout en étant résolument contemporain, arrive à exhumer et à rendre hommage au meilleur du son rock des années 90 (les Pixies sont une de leurs influences).
Les choses n'ont pourtant pas été faciles pour eux. Le processus de création a été compliqué par le vol de leur ordinateur contenant une bonne partie de leurs travaux, la séparation du couple que formaient Underwood et Costelloe à la ville et la séparation opérée avec leur ancien label. Ils ont réussi eux même à réunir la somme nécessaire au financement de Say Yes ce qui, au vu des circonstances, est une preuve de leur énorme détermination. Comme le confiait Alice à un journaliste de DIY : ''We went through so much shit making it, we thought ''Fuck it !''''
Malgré tous ces obstacles, la formation a donné vie à un album plein de mélancolie testostéronnée. Peut-être leur meilleur album à ce jour. Leur rencontre avec Depeche Mode, alors que Big Deal assurait leur première partie lors du Delta Machine Tour, a également eu un impact positif sur leur façon de travailler, sur la perception de leur art et la façon de le délivrer.
Big Deal prend plaisir à jouer et ce plaisir est extrêmement communicatif. C'est LE disque à se procurer d'urgence avant les vacances.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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