Vendredi, troisième jour du Fnac Live. C'est par l'arrière de la mairie qu'on accède aux salons où va débuter le concert de Philippe Katerine. On se dit qu'il y aura d'autres occasions de découvrir en live la pop folk de I Am Stramgram qui est est train de jouer sur la grande scène.
Katerine est une des têtes d'affiche les plus attendues de ce Fnac Live 2016. Alors pourquoi ne pas l'avoir fait jouer sur la grande scène en extérieur ? Peut-être simplement parce que le tour de chant qu'il présente ce soir-là en formation réduite convient mieux à un espace clos et à un espace à capacité réduite. C'est d'ailleurs sur une péniche à Paris qu'il a rodé son spectacle avant d'entamer sa tournée à la rentrée. Comme sur son dernier album Le film, il est uniquement accompagné d'un piano, derrière lequel Dana Ciocarlie est assise ce soir-là. Philippe Katerine entame son spectacle en remontant la travée centrale du salon entre les chaises des spectateurs. Vêtu d'un costume de Guillaume Tell, d'une cape de plumes synthétiques brillantes et d'un diadème, il les salue de la main en souriant. C'est donc logiquement qu'il entonne, une fois parvenu sur scène, un "Je suis la reine d'Angleterre et je vous pisse à la raie" peu protocolaire au regard du lieu.
Le concert en festival est court, et essentiellement construit autour des morceaux du nouvel album. On entendra d'abord "Doudou" puis "Les Objets". Entre deux chansons, Katerine se lancera dans des improvisations musicales avec un triangle, un saxophone "splendidement laid", une flûte à bec et un harmonica. Après "Papa", il enchaîne trois chansons sans aucune interruption "J'en ai marre", "Compliqué" et "Marine Le Pen".
Après "Automobile" et "A l'Elysée", il s'assoie au piano aux côtés Dana Ciocarlie pour interpréter "Moment parfait" à quatre mains. Devant des officiels qui viennent s'asseoir aux places réservées au premier rang alors que le concert est quasiment terminé, il lève son séant du siège du piano pour, de la main droite, se gratter ostensiblement les fesses à leur passage, tandis qu'il continue à jouer de la main gauche.
Provocateur, poétique, dadaïste, lunaire, Philippe Katerine a présenté un spectacle à la hauteur de sa réputation. En rappel, il ôte ses vêtements et se retrouve dans un justaucorps bleu électrique pour interpréter son dernier single "3 Ans" ("Les enfants de moins de 3 ans, c'est pas comme nous, c'est pas comme nous...). L'accueil du public est enthousiaste pour ce spectacle libre et complètement hors-norme.
En extérieur, on retrouve Sage, alias Ambroise Willaume, qui a débuté dans la formation pop Revolver. Après avoir travaillé avec Woodkid, c'est vers la pop qu'il s'est de nouveau tourné. Avec un album coproduit avec Benjamin Lebeau, un des deux membres des Shoes, ses chansons sont très dansantes avec une rythmique très soutenue puisque sur scène, assis au clavier, il est entouré de deux batteurs. A la fois sophistiquée et efficace, la pop de Sage fait bouger les festivaliers sous le soleil, en particulier le single "One last star".
Retour vers les salons pour le début du concert de Keren Ann. Son récent album, You're gonna get love, a la mélancolie délicate. Absente de la scène depuis cinq ans, la jeune femme se fait rare, et c'est un énorme plaisir que de la retrouver. Sa voix chaude n'a pas changée. Accompagnée d'un pianiste et d'un quatuor à cordes, elle enchaîne les titres du dernier album. Son folk blues habillé de cordes touche au coeur. Mais où les arrangements délicats lui font gagner en émotion, on a l'impression que Keren Ann perd en liberté dans son interprétation. C'était là un des premiers concerts de la jeune femme avec cette formation, on peut donc espérer que l'alchimie ait lieu rapidement. Il reste néanmoins le souvenir d'un concert beau, délicat et plein de charme.
Le groupe niçois Hyphen Hyphen vient de faire parler de lui. Ils ont en effet, lors de leur concert aux Vieilles Charrues, électrisé le public lors d'un hommage dansant aux victimes de l'attentat du 14 juillet. Sans aucun doute, Santa, la chanteuse du groupe, sait dynamiser une scène. Ils ne ménagent pas leur effort, et le public répond bien. Certes, le crowd surf de Sacha est rapidement interrompu, mais on sent la sécurité un peu sur les dents alors que l'attentat à Munich s'est déroulé seulement une heure avant. Electro bubblegum, leur set fait bien réagir le public en ce vendredi festif.
Encore une découverte pour moi avec le duo français Synapson. Leur electro-pop orientée deep house est pourtant bien connue du public présent ce soir-là. Leur premier morceau est métissé de rythmes moyen-orientaux et met l'eau à la bouche. Outre les claviers et tables de mixages, les deux DJ's on aussi des percus et batteries électroniques. On les sent concentrés et à l'écoute du public. Les montées de rythme sont intelligemment menées. Sirius Trema rejoint le duo aux voix pour le second morceau.
Mais des problèmes techniques à répétition les oblige à s'adapter, car les boîtes à rythme ne répondent plus. Coitus interruptus avec le public, c'est intelligemment que le duo s'adapte en essayant la tendresse. Leur single "All In You" est interprété en version acoustique, piano-guitare-voix. Véritable hit, la foule encourage le duo. On sent les deux DJ's à la fois dégoûtés et émus, énervés de louper ce rendez-vous mais touchés par le soutien de la foule. Aussi inattendu que magique par l'émotion qui se dégage, finalement le duo s'en tire haut la main avec le support de ses guests.
A la fin, ils jettent à la foule leurs blousons, costumes de scène qui n'existent qu'en deux exemplaires, pour s'excuser encore une fois. Ils ont intelligemment offert au public parisien un moment unique dont ils n'ont absolument pas à rougir.
C'est enfin Fakear qui clôture la soirée. Je n'étais pas resté pour assister au set du caennais, programmé très tard à Beauregard, et j'ai certainement eu tort. D'abord accompagné d'un groupe, il continue seul en DJ set. Plus japan touch que french touch, le normand enchaîne les titres connus, "Sheer-Khan", "Silver" et bien entendu "La Lune Rousse". Le public danse sur ce set bien mené. La troisième journée du fnaclive a, sans conteste, été la plus dansante. |