Australasie
(Plug Research / Karaoke Kalk) mai 2016
Quel est le point commun entre Arnaud Fleurent-Didier, Hyperclean, Laetitia Sadier, Holden ou Institut (et d’autres encore) ? Si, si, il y en a un. Je ne l’ai découvert que très récemment, c’est Emmanuel Mario. Vous l’aurez compris, il s’agit bien de l’homme qui se cache derrière Astrobal. Forcément, l’envie d’écouter est grande, ne serait-ce que pour vérifier si la douce folie et la lumière de la pochette se refléteront dans la musique. Alors n’attendons pas.
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Cet album contient de magnifiques tubes follement poétiques, il est le vent de fraîcheur que j’espère à chaque fois que j’écoute un album. Dire qu’Australasie est un disque enthousiasmant est un doux euphémisme. Car on est emballé dès le premier titre, "Everybody loves the sunrise", qui porte merveilleusement bien son nom. C’est un vrai lever de soleil musical, un éveil, le genre de morceau qu’il faut écouter pour démarrer sa journée du bon pied. De l’expérimentation dans les sons, des constructions déconstruites dans les structures, des jeux de voix, du chant, des synthétiseurs, du texte récité, un cocktail un peu électro, un peu psychédélique, cet album est surprenant de bout en bout. Mais je brûle des étapes.
La musique se fait aussi narrative, presque descriptive tellement les paysages qui se dessinent dans la tête de l’auditeur sont précis. Et de nouveau, la batterie et la basse nous prennent au corps, comme dans l'excellente reprise de "Ma rencontre" de Bertrand Burgalat, ou plus en douceur sur "Isao & IO". Au rayon reprise, on trouve également "Trois beaux oiseaux du paradis" de Ravel dans une version qui s’ouvre sur un horizon synthétique et vocal avant de laisser place au thème original (joué au synthé avant d’être chanté). Cette reprise est d’ailleurs annoncée deux titres avant par "Trois beaux oiseaux" qui en utilise les nappes vocales.
On franchit alors le "Rubycon" (désolé) en pensant à Tangerine Dream (qu’on ira réécouter ensuite pour constater que, 40 ans plus tard, c’est toujours aussi bon), pour finalement atterrir sur les "Terres Australes et Antarctiques Françaises". Très belle, métaphorique et énigmatique conclusion, pas si glacée que ça bien qu’on sente passer le vent froid qui fait filer une brume de neige au ras du sol.
Au fil des dix titres, vous croiserez quelques noms connus comme Julien Gasc ou Laetitia Sadier, vous penserez peut-être parfois à Brian Eno, ou à Air pour le côté aérien, mais Emmanuel Mario a un monde bien à lui et si grand qu’il en a fait un continent.
[] Stop
Australasie dessine donc un sixième continent, un espace vierge de préjugés, un terrain grand ouvert sur lequel peuvent pourtant surgir d’incroyables créatures sorties de nulle part, une île géante ne figurant sur aucune carte que l’explorateur sonore que nous sommes tous découvrira avec bonheur tout en se demandant pourquoi il ne l’avait pas trouvée avant.
Notre Dame qui renaît de ses cendres, la fête des lumières à Lyon, le spirituel est partout en cette quasi veille de Noël. Mais ce qui nous illumine chez Froggy's, c'est la culture ! Voici notre petite sélection hebdomadaire à partager avec vous !