Only Silence Remains
(Gizeh Records / La Baleine) juin 2016
Christine Ott est principalement connue comme ondiste. Joueuse d’ondes Martenot. Je ne vais pas parler longuement de ces ondes, vous trouverez plein d’infos aux quatre coins du web. Si vous ne voulez pas chercher, l’essentiel est de savoir que c’est un instrument de musique électronique inventé par Monsieur Martenot et présenté pour la première fois en 1928. Il est, avec le thérémine, un des ancêtres de nos synthétiseurs et on le retrouve aussi bien chez Honegger que chez Gorillaz.
Mais pour revenir à Christine, c’est plus probablement avec Yann Tiersen ou Radiohead que vous l’avez peut-être déjà entendue sans le savoir. Elle publie donc son deuxième album après sept ans d’un silence consacré à jouer ou composer pour de nombreux projets (cinéma, spectacles…), un silence bien relatif finalement. Only Silence Remains.
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Dès la pochette on attendait la beauté, on aura donc les étoiles pour commencer. Ondes Martenot, samples, piano, la délicatesse de Christine Ott touche, immédiatement. Sa musique dessine des paysages oniriques dans lesquels on se perd avec bonheur. J’en viens rapidement à oublier ce que je voulais faire de ma journée tant je suis suspendu entre deux temps. L’un fantasmé me laisse voler, taper d’un pied sur le sol pour faire un bon gigantesque et ne plus redescendre ; passer au-dessus des arbres, faire attention à ne pas se faire voir des passants qui ne comprendraient pas pourquoi cet homme vole, puis se faire rattraper par un piano qui cours, qui chevauche plus vite que le vent. L’autre, réel, fait appel à mes souvenirs ou à ceux de notre mémoire collective, il se fait plus concret sans pour autant me mettre du plomb dans les semelles.
Parfois les images se font si fortes que je me vois enfant, devant un vieux poste en noir et blanc, admirant l’exploit des premiers hommes foulant le sol lunaire. Vraiment, la seule limite à cette musique est celle de mon imagination, et encore, même elle semble s’éloigner au fur et à mesure que les morceaux passent. Le bruit des touches de l’harmonium indien me ramène à la réalité de la musique. Cet instrument au son proche de l’accordéon et pourtant si différent, laisse de nouveau place au piano, cristallin, puis rythmé, emballé par des folles percussions, chaos qui redevient ordre.
La tempête et le désastre qui viennent conclure cet album ne nous laissent pas sur une note sombre, comme si du chaos, comme du silence, pouvait jaillir la lumière. Plus d’être humains, seulement le silence de la mort. Les conséquences de la folie de l’homme, sans retour possible. Mais le ciel rempli d’étoiles. Ouvrez les yeux*. Ouvrez les oreilles, semble nous dire le piano qui ramène la vie.
[] Stop
Fin du voyage, tout le monde descend. Je ne saurais vous dire sur quelle planète nous avons atterri. La musique de Christine Ott nous emporte et si, à la fin, seul reste le silence, il garde en lui la beauté, la poésie de ce disque.
* ces quatre phrases sont une traduction libre et partielle du texte récité dans "Disaster".
Notre Dame qui renait de ses cendres, la fête des lumières à Lyon, le spirituel est partout en cette quasi veille de noël. Mais ce qui nous illumine chez Froggy's c'est la culture ! voici notre petite sélection hebdomadaire à partager avec vous !