Pour cette 69ème édition, la Foire aux vins de Colmar avait mis les petits plats musicaux dans les grands, notamment pour sa "Hard Rock Session", soirée dédiée "metal", à l'affiche plutôt alléchante : Mass Hysteria, Arch Enemy, Slayer et Limp Bizkit.
Pour une première accréditation, n'ayons pas peur de dire que la première impression est excellente : la convivialité règne à l'espace "presse", et les rires s'entrechoquent allègrement dans cette grande famille d'habitués de la "FAV". L'ambiance, paraît-il, est toujours un peu différente le soir de la Hard Rock Session, investie par plus de photographes et par la presse spécialisée metal, française comme allemande. On rencontre, on discute, on s'intègre plutôt facilement en regardant la pluie tomber, tandis que dans la "coquille", surnom donné à la salle semi-couverte où se déroulent les concerts, les chevelus du public s'agitent et s'impatientent.
A 17h, la valeur sûre nommée Mass Hysteria fait son entrée sur scène. On reste toujours étonnée et agréablement surprise par l'humilité, la présence et le professionnalisme de ce groupe français qui depuis 1993 fait headbanger les fidèles furieux de tous bords. Si le line up des Mass a changé depuis peu (avec l'arrivée d'un nouveau bassiste, Thomas "Atom" Zanghellini, ici comme un poisson dans l'eau), rien n'est à déplorer et le set se déroule avec une limpidité et une force à la fois stupéfiante et tout à fait habituelle. On ne sait où donner de la tête tellement les Mass occupent l'espace, de Mouss Kelai, pilier éternel de la formation, qui joue avec les photographes comme à son habitude, à Yann Heurtaux, guitariste impérial qui en impose toujours autant, en passant par un Frédéric Duquesne particulièrement survolté. On a beau les voir pour la bonne dixième fois, aucune lassitude et un plaisir toujours renouvelé. Chapeau.
De fait, l'arrivée des Arch Enemy refroidit un peu les troupes. Le groupe, plutôt à l'aise en conférence de presse, peine à séduire. Le son est fort, parfois inaudible, et Alissa White-Gluz pâtit ostensiblement de problèmes de son (retours ? Micro ?) qui la font grimacer et l'empêche d'entrer correctement dans son set. Preuve en est : le peu de réactions du public aux sempiternels "Colmar, vous êtes là ?". Beaucoup quittent leur place, pour aller bouder à la buvette. Pourtant, le scénique était là, comme toujours avec Arch Enemy. Une réelle déception.
Il faut dire que beaucoup, au vu des t-shirts arborés, étaient là pour voir Slayer, vieux de la vieille du trash métal américain, que les moins de vingt ans ont tout intérêt à connaître. Tom Araya, leader, ne cache pas sa joie d'être là, sourire béat aux lèvres tout le concert et remerciements nourris au public français pour son accueil – genre de petits détails sympathiques qui rapprochent un mythe de ses adorateurs. L'ambiance a bien changé, et se fait beaucoup plus musclée – vols de gobelets débordant de bières, slams en tous genres, corps à corps dans la fosse et jet de chaussures coquées dont mes vertèbres se souviennent encore... Sur scène, des musiciens un peu statiques, plantés devant trois bannières immenses. La première servira de décor pour les deux premiers tiers du concert, la deuxième, frappée du logo Slayer tombera au moment de "Raining Blood" - attendu de tous, le titre aura droit à une intro de près de deux minutes, avec tonnerre et bruits de pluie en prime. La dernière bannière rendra hommage au guitariste Jeff Hanneman décédé en 2013.
Fred Durst, leader de Limp Bizkit, ne laissera pas un souvenir impérissable lors de la conférence de presse... Lunettes noires, casquette vissée sur la tête, impassible, il scrute les journalistes qui n'ont pas le droit de poser de questions sauf un (merci à Nicolas Keshvary, de Daily Rock France, d'avoir aussi bien assuré devant tant de laconisme). Rien sur un nouvel album ("surprise !"), refus de parler dans le micro, on ne sait pas vraiment comment le prendre. Bref, c'est le live qui nous intéresse, et là, c'est incontestablement la métamorphose.
La setlist est plutôt sympa : "Hot Dog" (en intro), "Rollin’", "My Generation", "Livin’ It Up", "My Way" (pour laquelle Fred Durst quitte la scène pour fendre la foule et monter au premier rang des gradins. Il passera l’intégralité du morceau devant une des caméras de retransmission), "Heart Shaped Box / Smells Like Teen Spirit", "Boiler", "Gold Cobra", "Faith" (où vingt demoiselles sont invitées sur scène), "Break Stuff" et "Take a Look Around" (en guise de clôture). Un véritable "Late 90’s revival" selon Fred Durst, puisque "Gold Cobra" est la seule chanson datant de 2011, quand toutes les autres sont de 1999-2000. Fidèle à son habitude, le groupe lance une Marseillaise reprise en chœur par l’ensemble de la salle, mais étrangement interrompue avant la fin.
Moralité : une excellente soirée, avec des groupes qui n'ont pas failli à leur réputation, une organisation au top, une bande de photographes géniale (hormis quelques irréductibles irrespectueux qui ne savent toujours pas bosser dans un pit), et l'envie irrésistible de réitérer l'expérience Hard Rock Session l'an prochain !
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