Chaque festival finit toujours par un bilan : on a vu plein de concerts, on a rencontré des gens, on en a connu d'autres, on s'est fait brûler la peau sous un soleil caniculaire, on s'est amusé à faire la queue pour n'importe quel achat. Et conscient de tout cela, on commence notre balade sonore entres les différentes scènes.
La canicule décide de nous laisser tranquilles pour cette troisième journée de Rock en Seine, donc pas besoin de beaucoup d'ombre pour regarder la programmation, on sait déjà que tout le monde est là pour la star de la journée (et pas que pour cette journée !), l'iguane du rock, Monsieur Iggy Pop.
Mais nous, on aime bien commencer avec du sain post-punk version soft, avec Editors, from Birmingham with love, les cinq membres avec leur leader de Tom Smith, se confirment comme une valeur sûre en termes de performances live.
La décision de rester sur la Grande Scène pour attendre le groupe suivant nous coûte cher : on comprend que le temps passe vite pour tous les groupes sauf pour ces gars d'Ontario. On voit Deryck Whibley monter sur scène, habillé comme un punk californien d'il y a dix ans. Avec leur puissance joyeuse qui fait bouger une foule inattendue, les Sum 41 sont de retour ! On laisse, étonnés, un public venu nombreux qui les encourage sur le morceau d'ouverture "The Hell Song", et on part vers la scène de la Cascade où on retrouve les belges Ghinzu.
Un public hétérogène s'attroupe le sourire aux lèvres, comme lorsque l'on attend des amis que l'on n'a pas vus depuis longtemps. On souhaite la bienvenue aux cinq bruxellois qui viennent pour la première fois à Rock En Seine. Une belle performances de John Stargasm et ses copains qui chauffent encore plus l'ambiance. Avec leur rock qui fait un peu de l'oeil à l'électro, ils nous préparent à la sortie de leur nouvel album prévu pour janvier.
Quand on décide de quitter la scène, on réalise que l'on n'a jamais vu autant de t-shirts d'Iggy Pop & The Stooges et on se dépêche d'aller vers la Grande Scène déjà super blindée. L'expérience nous a appris que s'approcher de la scène quand il y a du monde ne servait à rien, aussi on préfère prendre de la hauteur sur le côté droit pris d'assaut par les photographes et autres pros pour mieux voir le concert. C'est certain, ce concert restera dans l'histoire. C'est pour des concerts comme ça que l'on comprend que quelque chose de spécial est en train de se produire et nous sommes présents, du coup on devient un peu spécial, nous aussi.
Et le voilà torse nu, comme toujours, comme à ses débuts, à vingt ans, avec son énergie habituelle, l'Iguane monte sur scène, les cheveux blonds et longs, un jean moulant sur l'intro de "I wanna be your dog" : le public explose de folie, cris de joie et paroles hurlées pour accueillir cet artiste qui a fait de sa musique son style de vie. Un rocker qui n'a pas besoin d'artifices, ado perché qui n'a jamais perdu l'habitude de sculpter son corps, en se coupant avec des morceaux de verre trouvés sur scène, ou encore en marchant à quatres pattes comme un chien sur "I wanna be your dog".
Il enchaîne tous ses succès les plus célèbres : "The Passenger", "Lust For Life", puis il hurle : "It's fucking 1969. I fucking love you !" et repart avec "1969". On voit la foule en délire, des gens font des stage diving partout, le public essaie de se rapprocher de la scène, et Iggy des gens en ramenant son microphone vers lui. Ca, c'est un spectacle rock, et le public en fait part ! Une fille essaie de monter sur scène, la sécurité lui intime l'ordre de descendre, la fille s'obstine et Iggy hurle : "Let the guy come on the stage !". Le public s'extasie, quand la fille monte Iggy lui demande en souriant : "Hey what's your name ?" - "Ladies and Gentlemen !" dit-il en présentant la fille au public. Des applaudissements infinis puis la fille disparaît derrière la scène.
La performance continue avec seize morceaux et l'attitude rock d'une vie qui n'appartient pas à notre époque. On ne veut pas que la fin de ce concert arrive, et pourtant on doit laisser Iggy partir après avoir remercié le public avec quelques "fucking / fuck" de trop. Il ne nous reste plus qu'à nous asseoir après cette catharsis à la recherche du prochain groupe, en ayant encore dans la tête le riff de "I wanna be your dog".
Et c'est dans cet esprit que l'on part vers Aurora, norvégienne de 19 ans qui joue une pop aérienne et des mélodies graciles. Juste le temps de faire une petite incursion pour attendre l'autre groupe phare de la soirée : Foals.
Après quatre albums et une spontanéité de toujours, le groupe d'Oxford joue avec une précision qui ne laisse pas de doute sur son niveau technique. Foals fait partie de ces groupes qu'il est toujours préférable de voir en concert plutôt que d'écouter sur album, et cela donne de belles surprises, rien qu'à voir la puissance des morceaux comme "Snake Oil", "Olympic Airways", ou encore leur succès "What Went Down".
Il est 23h30, les jeux sont terminés, on a encore le temps de boire un verre, de faire une balade entre les scènes, entre des gens qui dorment par terre, épuisés après une bagarre. La nuit est tombée, il fait bien noir maintenant, on se dirige vers la sortie avec une foule qui nous suit. Lentement, on rentre après une édition de Rock En Seine qui nous a bien surpris. |