Samedi
La traditionnelle conférence du festival, animée par le très dynamique et fantasque Christophe Brault, avait pour thème cette année le shoegaze. Choix très logique finalement, puisque pour la troisième année consécutive la Route du Rock accueillait une reformation issue de ce mouvement (Lush pour cette édition). Et malgré le soleil radieux, ils étaient nombreux à s’être rassemblés pour écouter l’histoire de ce genre musical illustré par des extraits de Jesus & Mary Chain, Ride ou autres My Bloody Valentine. L’occasion assez amusante de voir certains festivaliers piquer du nez avant d’être reveillés en sursaut par les cris stridents des guitares et de découvrir quelques raretés étonantes.
En se second jour de festival, l’affluence paraît déjà plus élevée que la veille au vu du monde patientant pour attraper une navette à la sortie de Saint-Malo.
Premier concert du jour sur le site du Fort de Ulrika Spacek (zappé pour cause de problème de navette), je n’ai pas pu hélas louper celui des inénarrables LUH. Lookés à l’extrème, les membres d’ex Wu Lyf, ne se sont pas montrés très convaincants : prestation grandiloquante et flirtant dangereusement avec le grotesque : à oublier rapidement.
Et puis la suite va se montrer bien plus intéressante.
Tout d’abord avec le concert des Tindersticks, qui a été un des tous meilleurs de ces trois jours de festival. Leur musique, classieuse, belle et envoûtante m’a littéralement subjuguée. Je n’en suis pas à ma première rencontre avec le groupe mais avait quelques craintes sur ce que cela pourrait donner en festival. Mais le charisme tout en délicatesse de Stuart A. Staples, et sa voix, magnifique et tout en velours et en profondeur ont rendu ce moment d’une intensité incroyable.
La nouvelle de l’annulation de The Field, tombe à ce moment, comme un couperet et marque un nouveau coup dur pour le festival qui semble frappé par la malédiction des annulations de dernière minute.
Après ce concert tout en émotion des Tindersticks, difficile de rentrer dans l’univers de Exploded View, nouveau projet de la chanteuse allemande Anika. Difficulté d’autant plus accrue, que le groupe semble s’ennuyer ferme lui-même et que la chanteuse nous a montré ses talents fabuleux d’interprète innexpressive.
La grosse surprise ce soir là viendra des français de La Femme. On en pensera ce qu’on voudra (le groupe divise de manière étonnante) mais il faut reconnaître l’habileté des français pour faire bouger le public avec leur mélange explosif d’électro-punk. Au-delà de l’esprit foutrarque et déjanté assumé du groupe, du jeu de scène relativement pauvre et des interventions navrantes, musicalement si on nous avait promis que la Femme nous donnerait du plaisir, j’ai plutôt eu l’impression de subir un viol auditif. Mini traumatisme.
Le passage des Suuns, juste après cet évènement pénible fut salutaire. Le groupe de Ben Shemie s’est montré aussi brillant qu’à son habitude. Sa musique sourde et tendue, soutenue par une rythmique dense et impeccable fut parfaite à cette heure de la soirée. Fort, tendu, et d’une belle noirceur, l’univers musical de Suuns confirme que les canadiens sont actuellement l’un des groupes les plus intéressants, autant sur scène que sur album. Gros coup de coeur du festival.
L’heure de battement entre Suuns et les derniers à passer dans la soirée, Battles, auront raison de moi et à cette heure tardive, j’ai déclaré forfait, non sans regrets : les échos sur la prestation du groupe de John Stanier, furent très positifs.
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