Réalisé par Gabriel Mascaro. Brésil/Uruguay/Pays Bas. Drame. 1h41 (Sortie le 7 septembre 2016). Avec Juliano Cazarré, Maeve Jinkings, Alyne Santana, Vinicius de Oliveira, Carlos Pessoa (II), Samya De Lavor et Josinaldo Alves.
Même si "Vento de Agostos", le premier film de Gabriel Mascaro, laissait sur sa faim, certaines de ses images restent en tête, notamment celles que l'on pourrait pudiquement qualifiées de "sensuelles".
Avec son deuxième long-métrage, et son sujet singulier : rebelote. Filmant de manière très conceptuelle les "vaquejadas", sortes de courses de taureaux typiques du Nordeste brésilien et qui, malgré le titre impropre du film, n'ont pas grand chose à voir avec les rodéos texans, Gabriel Mascaro crée encore un climat étrange. Il y a de la boue, il y a de la sensualité, des personnages décalés, des bovins et une soif d'ailleurs dans cette routine bizarre où l'on suit les rites d'un "sport" dont on ne comprendra jamais les règles...
Si l'on est encore persuadé après les JO de Rio que le Brésil c'est le football et la samba, "Rodeo" de Gabriel Mascaro est le film à voir pour se désintoxiquer de ces collants stéréotypes. On y verra des personnages pas très causants dans un univers très stylisé à la photographie constamment en mouvement.
Comme on le disait pour "Ventos de Agosto", les images de Gabriel Mascaro ont la vertu de ne pas s'oublier et son Brésil rural a la dureté qui se joue de toute prétendue trace civilisatrice. Brut de décoffrage est ce monde où l'humanité et l'animalité vivent toujours côte à côte.
Préférant les corps aux mots, les étreintes aux combats, la couleur de la vie au monochrome de l'ennui, "Rodeo" de Gabriel Mascaro reprend peut-être le cinéma brésilien là où l'ont laissé les grands ancêtres du "Cinéma Novo". Il ne se passe rien. Les uns arrivent, les autres s'en vont. Tout dépend des circonstances. Ici, l'extraordinaire peut succéder à l'ordinaire, ou pas.
"Rodeo" de Gabriel Mascaro n'a jamais besoin de dramaturgie. Qu'on ne s'attende pas à un quelconque suspense dans ces rodéos toujours filmés pour décevoir comme des chorégraphies dont on ne verrait qu'un instant du plan final.
Lent, irritant, répétitif avant de bifurquer dans l'imprévisible, "Rodeo" confirme le talent de Gabriel Mascaro. Moins vain que son précédent film, mais tout aussi cinématographique, il porte la signature d'un vrai metteur en scène.
Nourris de ces deux films si habitués, on sera patient : Gabriel Mascaro ne devrait pas tarder à convaincre entièrement avec son Brésil merveilleusement désenchanté. |