Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Moi, Corinne Dadat
Espace Montrichard  (Pont-à-Mousson)  août 2016

Spectacle du Collectif Zirlib conçu par Mohamed El Kathib, avec Corinne Dadat, Élodie Guézou et Mohamed El Kathib.

Bien que Corinne Dadat soit une authentique femme de ménage, "Moi, Corinne Dadat" n'est pas une pièce documentaire sur la vie de Corinne Dadat.

Même si ladite Corinne joue son propre rôle, elle est ici insérée dans un dispositif purement théâtral et doit partager la scène avec son metteur en scène, Mohamed El Kathib, et une danseuse-contorsionniste, Elodie Guézou.

A l'origine de ce projet : un hasard objectif. Mohamed El Kathib anime en 2012 à Bourges un atelier et s'étonne que la femme de ménage du lieu ne réponde pas à ses bonjours. Il lui pose directement la question et, avec la gouaille qui est sa marque de fabrique, elle lui rétorque : "Si vous saviez le nombre de fois dans ma vie où j'ai dit bonjour et qu'on ne m'a pas répondu !"

Evidemment, il a tout de suite flairé en elle la "bonne cliente". Avec sa tête blonde à la Christine Bravo, il faut dire qu'elle en impose, Madame Dadat. Forte femme au fort bagout, elle est telle que la présente son metteur en scène mentor et monsieur Loyal, un condensé truculent d'humanité populaire. Pour lui, issu de la diversité et devant payer son ticket d'entrée institutionnel avec un spectacle pas commun, elle est un personnage idéal.

Lecteur de Bourdieu et de Debord, Mohamed El Kathib sait qu'il n'aura pas deux chances comme celle-là, et qu'elle lui donne un atout puissant pour marquer les imaginations. Ce sera d'autant plus réussi, s'il intègre les ambiguïtés qu'il rencontre ou qu'il crée lui-même.

Ainsi, ce petit cachotier ne dira jamais dans le spectacle, où il est pourtant très présent, que sa mère exerçait le même métier que Corinne. Comme on sait par ailleurs qu'elle est mariée à un maghrébin, on perçoit mieux pourquoi Mohamed injecte une espèce d'indulgence filiale dans le portrait de celle qu'il façonne.

Il la démarque par exemple de tout "politiquement incorrect" en précisant qu'elle ne vote pas FN, même si elle ajoute un cinglant "pas encore". Pour brouiller encore plus les cartes, il confronte la femme de ménage à une danseuse. Une danseuse qui n'est pas en tutu, mais doit se plier corps et âme aux volontés du metteur en scène

Dès lors s'enclenche dans "Moi, Corinne Dadat", une espèce de concurrence sociale assez malsaine entre celle qui frotte le parquet et celle qui y use ses muscles et ses articulations. Mohamed El Kathib, par provocation ou par conviction, semble avoir choisi le "vrai" prolétariat contre le "nouveau", celui de l'intermittence.

Et l'on verra deux scènes propices à des discussions sans fin : d'une part, Elodie se servira de son opulente et magnifique chevelure comme serpillière pour étaler sur la scène les produits d'entretien que Corinne a répandu sur le sol ; de l'autre, Corinne balaiera symboliquement Elodie pour l'éjecter de "son" espace, celui où elle a droit à bien plus que les cinq minutes de célébrité réglementaires envisagées par Wharol.

Que souhaite donc dire Mohamed El Kathib, qui, à chaque fois qu'on l'interroge sur ses scènes éprouvantes, répond qu'elles viennent de "propositions" de ses partenaires ? On s'interroge et l'on se dit que "Moi, Corinne Dadat" est un spectacle plein de chausse-trapes, miné par cette question sociale qui n'intéresse plus beaucoup les artistes.

On peut ainsi voir - ce sera le cas de la majorité du public - "Moi, Corinne Dadat" comme un simple personnage charismatique, à l'aise sur scène et faisant partager sa vie aux spectateurs. On peut, également, y voir une vraie critique sociale, posant l'éternelle question de l'impossibilité de reconstituer du travail sur un champ artistique...

Sincère ou pervers, au point par exemple de filmer en vidéo Corinne en discussion avec sa fille alors qu'elle est dans des toilettes prêt de la cuvette des WC, Mohamed El Khatib est dans une démarche vertigineuse.

Qu'arrive-t-il à cette femme prise dans la foule quand il cessera de la faire monter sur scène pour être à la fois elle-même et une construction d'elle-même ? Peut-on être de nouveau anonyme quand on a été "Corinne Dadat" sur scène ?

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=