Comédie de René de Obaldia, mise en scène de Mélissa Ramos, avec Léonie Lavergne, Madeleen Tinnière et Arno N'Guyen.
Quand la baby-sitter joue à l'Arlésienne, c'est une occasion inespérée pour un couple de faire le point sur une histoire commencée depuis bien trop longtemps.
Mais le résultat est vite catastrophique et que ce soit Franklin ou que ce soit Elvire, chacun résume l'état de leur idylle à l'aide de la même comptine désespérante : "Treize ans de vie conjugale, mais où sont les feux de Bengale ?".
Écrite il y a 45 ans, cette courte pièce de René de Obaldia tire les leçons de l'après-1968, et propose aux spectateurs une petite plongée légère et sarcastique dans le couple bourgeois.
Presque proche de l'univers d'un Copi, "La Baby-sitter" peut se lire comme une vision exagérée du délitement et de l'usure de l'amour d'un homme et d'une femme.
On y lit toute la frustration d'une vie ordonnée avec ses rites établis, comme le "dîner en ville", en l'occurrence en banlieue, où les attendent les insipides propos de leurs amis, sans compter le "soufflé aux betteraves" de la maîtresse de maison.
Avant l'arrivée d'un troisième personnage qui ne sera pas la baby-sitter tant attendue, Obaldia contient la fantaisie poétique qui est souvent en action dans ses pièces. Mais sœur Épine du Saint-Esprit survient et tout se débride joyeusement !
Dans la mise en scène de Mélissa Ramos, les protagonistes sont de jeunes acteurs, alors qu'on les supposait plutôt pré-quadragénaires, mais l'entrain d'Arno N'Guyen et de Madeleen Tinnière et leur évident plaisir à se chamailler balaient cette réserve. On soulignera aussi la jolie étrangeté de Léonie Lavergne, qui correspond parfaitement à l'univers obaldien.
Si l'auteur jette un coup d'oeil à la copie limpide proposée par Mélissa Ramos, il devrait convenir qu'il n'a pas été trahi. Au contraire, il constatera que sa "baby-sitter" n'a pas pris une ride et se porte à merveille. |