9h30. La chaleur est insoutenable sous la tente empêchant toute grasse matinée. Qu’à cela ne tienne, après une douche salvatrice et glacée (ça ne plaisante pas, on est quand même en festival), je teste la cantine du camping pour le petit déjeuner : encore une fois, il règne une très bonne ambiance et il faut saluer les bénévoles qui ont fait fonctionner sans faiblir ce festival pendant quatre jours, chapeau à eux !
Il faut savoir que le Cabaret Vert est un éco-festival et que le but est donc de produire le moins de déchets possibles et d’être le plus écologique. On notera donc les toilettes sèches, sans doute meilleur système que des toilettes traditionnels dans ces conditions extrêmes festivalières ; le tri sélectif avec trois poubelles au lieu d’une et des couverts en cartons recyclables. Un mystère demeure cependant, l’absence de verres réutilisables, comme dans la plupart des festivals actuellement. L’argument étant qu’ils utilisent plus de plastique qu’un gobelet traditionnel et qu’ils ne sont en fait pas recyclables.
16h. Après avoir évité la chute d’un arbre, je me dirige vers le site du festival pour le début des concerts. A priori, cette journée est la moins intéressante pour moi, du rap et Louise Attaque, déjà vu au Fnac Live, en têtes d’affiches. Les concerts commencent avec Mastodon, groupe de métal nord-américain. Autant vous dire qu’il y a de la puissance sonore et de l’énergie ! Mention spéciale au look du guitariste en mode bûcheron hipster métalleux, très impressionnant ! On en vient à regretter qu’il y ait si peu de monde, mais il faut avouer que la chaleur est vraiment accablante et que le public cherche surtout à se tenir à l’ombre.
Je me dirige avec curiosité vers la scène des Illuminations pour voir Yeti Lane, annoncé comme "pop psyché" par le programme. Je suis un petit peu déçue par la prestation des deux musiciens, peut-être justement parce qu’ils sont deux mais j’ai l’impression que leur musique manque de profondeur. A réécouter au calme pour un deuxième avis sans doute.
Je ne suivrais le concert de Motherwolf que de loin mais l’entendrais tout de même avec plaisir : le rock puissant des Australiens est pêchu et il semblerait que la coupe de cheveux du chanteur, très talentueux cela dit en passant, soit complètement improbable, j’en ai entendu parler un certain temps après ce concert !
La chaleur commence enfin légèrement à tomber quand entre en scène NAS, première tête d’affiche de cette journée. Eminent rappeur east coast, il attire le public qui sort de sa torpeur et l’enflamme carrément lorsqu’il entonne sa reprise de "Sweet Dreams" baptisée "Street Dreams". Il passera ensuite par Michael Jackson avant de finir par Bob Marley. Devant ce concert assez inattendu, je suis finalement sous le charme de ce rappeur qui communique très bien avec son public malgré la barrière de la langue et qui livre un bon show bien rodé.
Je fais ensuite à moitié l’impasse sur Louise Attaque : beaucoup de monde est venu pour les voir, la plaine est remplie de monde mais ils livreront un show très similaire à celui que j’avais pu voir à Paris bien que le chanteur semble cette fois un peu plus énergique. Je vais plutôt jeter un œil aux L7 (je ne fais pas de blague promis) : groupe de grunge actif dans les années 90 et composé uniquement de femmes. Elles ont une pèche d’enfer et échangent beaucoup avec le public ravi !
C’est l’heure du sandwich à l’omelette pour moi (grosse découverte culinaire de ce festival, une association des plus étranges !) en écoutant de loin Bibi Bourelly et sa très belle voix.
Un petit détour par la grande scène pour jeter un œil rapide à Nekfeu : j’en ai tellement entendu parler l’année passée que je suis curieuse et finalement c’est exactement ce à quoi je m’attendais : du rap français donc, qui semble tellement palot à côté de NAS, compensé par une scénographie que Jean-Michel n’aurait pas renié. Mention spéciale à sa veste bleue qui brille au milieu des flammes pour son entrée sur scène.
Je fuis rapidement voir Jacques sur l’autre scène et grand bien m’en pris, c’est mon coup de cœur de la journée ! Cet homme vient d’une autre planète et c’est tant mieux. Son concept est simple mais tellement génial : il enregistre des sons en live d’objets divers et variés de la vie de tous les jours (râpe à fromage, billes, jouets…) qu’il boucle, en y ajoutant un peu de guitare, de piano ou de voix de temps en temps mais toujours sur le principe de la boucle. Le tout donne une musique électronique étonnante, jamais identique et finalement très agréable à écouter. Il enregistre même un court extrait de radio, pris au hasard des fréquences pendant son mix. Sa musique semble venue de l’espace mais lui aussi : les cheveux tonsurés, il quittera la scène sur les mains… A revoir donc de toute urgence !
Le dernier concert transforme l’ambiance en boite de nuit avec la techno bien efficace de Comah : sans doute assez peu intéressante à écouter comme ça mais diablement efficace pour danser ! Je quitte le festival à la fin du concert dans le flot des festivaliers qui rentrent au camping, croisant sur ma route une étrange assemblée frappant en rythme sur le conteneur à verre, à la lumière du réverbère...
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