Réalisé par Stéphanie Di Giusto. France. Drame/Biopic. 1h48 (Sortie le 28 septembre 2016). Avec Soko, Gaspard Ulliel Gaspard, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens, Louis-Do de Lencquesaing, Amanda Plummer et Denis Ménochet.
Après Chocolat, c'est au tour de Loïe Fuller, un autre personnage oublié de la Belle époque parisienne, de se voir consacrer un "biopic".
Après avoir vu "La Danseuse" de Stéphanie Di Giusto, il n'y aura plus aucune excuse à ne pas connaître cette femme étonnante, exaltée, autodidacte, qui marqua l'histoire de la danse.
Premier film d'une jeune réalisatrice, "La Danseuse" est un projet populaire ambitieux qui repose d'abord sur la prestation de Soko qui s'investit totalement dans le rôle de Loïe Fuller.
Vue récemment à son avantage dans "Voir du pays" de Delphine et Muriel Coulin, Soko est ici pratiquement de tous les plans et vit fébrilement l'histoire de son personnage. Dans ce qui constitue un grand livre d'images, dans le bon sens du terme, les scènes où elle crée cette "danse du papillon" qui fera sa gloire sont parmi les plus réussies.
Si l'on a la curiosité de jeter un coup d'oeil sur internet, on trouvera facilement un petit film Pathé d'une minute cinématographié en 1901 par Segundo de Chomon qui a fixé pour l'éternité le "numéro" de Loïe Fuller. En découvrant le film de Stéphanie Di Giusto, on vérifiera qu'elle et Soko ont parfaitement compris l'essence de ce moment de poésie extraordinaire.
Bien entendu, "La Danseuse" est avant-tout dans l'illustration plutôt que dans la transfiguration. Cela n'empêche pas le film de faire ressentir une époque où la décadence marquant la fin d'un siècle côtoie la modernité du début d'un nouveau.
Le personnage incarné par Gaspard Ulliel, qui aurait peut-être mieux convenu à un Lambert Wilson, est ainsi une espèce de dandy bisexuel et éthéromane, sorti d'un livre de Huysmans ou d'un poème de Mallarmé. Il est l'envers d'Isadora Duncan, celle qui va représenter la danse moderne classique et évincer Loïe, demi-américaine née en plein Far-West, révélée par les Folies-Bergère et qui sent le phénomène de foire pour l'Institution.
Isadora Duncan, elle, annonce le star-system", une danse libérée des codes anciens mais qui joue le glamour pour se vendre au prix fort. Lily-Rose Depp est parfaite en poupée lisse et adorable. Sa présence, pour l'heure, ajoute une petite curiosité au film de Stéphanie Di Giusto. Reste à savoir si, dans quelques années, "La Danseuse" aura été une étape ou l'un des termes de sa future carrière...
"La Danseuse" de Stéphanie Di Giusto est pour toutes ses raisons, et malgré une grammaire cinématographique légitimement limitée pour un premier film, un film qui devrait intriguer et donner l'occasion à un public friand d'images nouvelles, de découvrir la merveilleuse danse du papillon de Loïe Fuller. |