Réalisé par Sophie Blondy. France. Drame. 1h39 (Sortie le 28 septembre 2016). Avec Denis Lavant, Iggy Pop, Tchéky Karyo, Béatrice Dalle, Natacha Régnier, Bruno Putzulu, Laura Favali et Roland Menou.
Un petit cirque miteux où ont échoué des clochards célestes et des figures en pleine dérilection, c'est un scénario qu'on a déjà vu et revu depuis Chaplin et "La Strada" de Fellini.
L'originalité de "L'Étoile du jour" de Sophie Blondy est d'avoir, sous la houlette angélique et rock'n'roll d'Iggy Pop, réussi à associer à son projet une sacrée brochette de monstres sacrées...
Denis Lavant, bien entendu, sera le clown sinistre mais habitée, Natacha Régnier la ballerine à la Lilian Gish dans les films de Griffith, Béatrice Dalle, l'ample et voluptueuse Zorah la gitane pouvant déclencher des tempêtes, Tchéky Karyo, le méchant directeur de ce cirque improbable. On n'oubliera pas Bruno Putzulu en magicien aigri et Laura Favali qu'on retrouve avec plaisir dans cette cour des miracles circassienne...
C'est à la mémoire de Guillaume Depardieu qui était l'âme de son premier long-métrage, "Elle et lui au 14e étage" (2000), que Sophie Blondy a dédié ce film ovni où il aurait eu toute sa place.
Tourné dans le Nord-Pas-de-Calais, avec ces dunes et ces ciels bleus peuplés de nuages tristes, "L'Étoile du jour" renoue avec cette longue tradition cinématographique qui préfère les caractères bien trempés aux icônes glamour.
Dans l'hétéroclite ménagerie humaine qui montre les griffes et les dents pour s'écorcher ou se mordre dans "L'Étoile du jour", on pourrait imaginer le père Jules et sa poésie de tatouages incarné par Michel Simon dans "L'Atalante" de Jean Vigo.
On y verrait bien aussi, en double de Tchéky Karyo, qui s'en donne à cœur joie question veulerie dégueulasse, Lon Chaney, l'homme aux mille visages, qui transfiguraient les films de Tod Browning, le réalisateur de "Freaks".
Dans "L'Étoile du jour" de Sophie Biondy, tout serait âpre et sans espoir, s'il n'y avait ce fantôme blond et bon qui a les traits d'Iggy Pop. En quelques secondes, on admet qu'il puisse être là sans y être et qu'il était évidemment destiné à croiser sur sa route Denis Lavant. Dans cette balade déjantée qui n'aime ni le réalisme ni le naturalisme, le chemin est bordé de bonnes intentions oniriques.
Même si tout n'est pas réussi, et que l'on sent que le film s'est fait à l'arrache, rendre une petite visite au cirque de Sophie Blondy, riche en belles images, s'impose. Par une curieuse coïncidence, la toujours radieuse Natacha Régnier reprend joliment dans "L'Étoile du Jour" la "danse du papillon" de Loïe Fuller.
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