Comédie écrite et mise en scène par Hugues Duchêne, avec Pénélope Avril, Vanessa Bile-Audouard, Théo Comby-Lemaître, Hugues Duchêne, Marianna Granci et Laurent Robert.
Force est de constater que Hugues Duchêne a réussi un coup de maître avec "Le Roi sur sa couleur" en signant une hilarante et roborative comédie du pouvoir au titre judicieux usant d'une règle du jeu d'échecs laissant mat le spectateur.
Car le panier de crabes des courtisans-arrivistes a survécu à l'abolition de la royauté et investit les cabinets ministériels et les aréopages démocratiques.
En avril 2011, un événement a secoué le petit Landerneau culturel pour, relayé par l'opposition politique en quête d'os à ronger et amplifié par les mdéias qui n'avaient rien à se mettre sous leur dent creuse après l'accident nucléaire de Fukushima, enfler comme une baudruche avant d'éclater lamentablement : l'affaire Olivier Py.
Le 8 avril 2011, le ministre de la culture a annoncé par anticipation que le mandat de celui-ci à la direction du prestigieux Théâtre National de l'Odéon ne serait pas renouvelé à son expiration en 2012 et qu'il serait remplacé par Luc Bondy, metteur en scène suisse mondialement encensé et gravement malade qui, en tout état de cause, né en 1948, n'irait pas au bout de son mandat car atteint par la limite d'âge.
Cette annonce qui avait déjà fait, et stratégiquement, l'objet d'une fuite volontaire en actionnant "la gourmande des gourmandes du Figaro" (Armelita qui en faisait le sujet de son billet sur son blog dès le 3 avril ?) a entraîné une levée de boucliers pour soutenir le crucifié du fait du Prince, tous oubliant que le statut d'établissement public de ce théâtre le plaçait sous la tutelle de l'Etat et que la nomination de son directeur résultait d'un décret du Président de la République et donc d'une décision personnelle et subjective..
A partir d'une compilation intelligente et astucieuse de documents, articles, interviews et déclarations, revue avec l'esprit de chansonnier revisité, une comicité parodique détonante et le sens de l'imitation caricaturale, Hugues Duchêne décrypte les arcanes d'une folle semaine qui s'est achevée par l'acceptation de l'intéressé en contrepartie de sa nomination à la direction du Festival d'Avignon à laquelle il s'employait depuis plusieurs années.
Avec une mise en scène dynamique soumise au mouvement perpétuel, il dirige efficacement ses homologues issus des grandes écoles supérieures d’art dramatique et éléves-comédiens de la promotion 2015-2016 de l'Académie de la Comédie française qui campent parfaitement l'édifiante galerie des protagonistes dont toute ressemblance avec des personnes existant, au demeurant clairement nommées, n'est pas fortuite.
Car composée d'une succession de vignettes courtes et percutantes comportant des répliques-culte, la partition épingle les élites en charge de la politique culturelle pour lesquelles l'art et la culture constituent le cadet des soucis au regard de leurs ambitions personnelles. Les interprètes, tous multirôles, s'avèrent épatants tous en se distinguant.
A commencer par Hugues Duchêne lui-même, époustouflant Nicolas S d'une inculture crasse mais et d'une abyssale sottise traversée de cyniques fulgurances, Marianna Granci, superbe en Carla B éminence grise au verbe plus haut que son susurrement chanté clouant le bec tant à sa soeur interprétée par Vanessa Bile-Audouard qu'à son mari dont elle supporte les "perles" avec une exaspération condescendante.
A leurs côtés, Théo Comby-Lemaître, excellent Luc B pontifiant sur la théorie théâtrale mais grand bourgeois n'oubliant pas les "trivialités" pécuniaires en négociant une très substantielle augmentation de salaire, Pénélope Avril en conseillère tyrannique Catherine P qui brigue la direction du Château de Versailles et, avec mention spéciale, Laurent Robert dans sa composition ébouriffante tant de Frédéric M que d'Olivier P.
Donc à savourer sans modération nonobstant de potentielles crampes zygomatiques
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