Benoît Dorémus est "la tournure des évènements", le petit truc en plus qui le fait passer du statut de mec normal à celui d’idole ultra sexy. Il aurait pu être un énième chanteur à minettes s’il avait profité de son délit de belle gueule adolescent, ses grands yeux d’animal fragile, et sa voix de grand timide. Mais non, il est tout le monde et notre voix intérieure quand notre cœur bat un peu trop fort, un peu trop souvent.
Baptisé En Tachycardie, ce cinquième album porte le charme efficace d’un naturel au galop. Des petits rythmes sympas qui pellètent des menuets du canapé à la cuisine, sur ambiance de guitare sèche et ses accords qui bullent des étoiles jusqu’au plafond. Benoît Dorémus chantonne comme on miaule, sans en faire des caisses, avec le naturel et la simplicité d’un super pote inconscient de son pouvoir de séduction. Il raconte ses histoires comme on raconte sa vie autour d’un steak et d’une boisson fermentée. Et ça fonctionne. Plutôt bien même. Ce n’est pas pour rien que Souchon s’est pointé sur son paillasson pour enregistrer un "tu la voyais grande et c’est une toute petite vie".
Il chante l’amour, en long, en large et à travers toutes les dimensions du spectre des émotions. Le manque, le boum, l’adultère, l’objectif et le chemin… la quête : "La femme de ma vie comme on dit / Ou la femme de mes deux comme on veut / Je la cherche depuis tout petit / Et j'suis presque vieux", l’amour "comme un acteur sur fond vert", les longueurs d’ondes : "je savais même pas qu’on pouvait rigoler comme ça" ("Aïe ouille"), le sens unique : "Tombe amoureuse… tu verras qu’au fond d’eux, les artistes y a une cour d’école… ils cherchent un truc qu’ils auront jamais… il faudra le sortir de lui-même au pied de biche" ("Bêtes à chagrin").
"Ok, je fous la paix à l’essuie-cigare, à l’allume-glace" raconte un retour de soirée arrosée, vous savez, ces moments fatigués où on aime un peu plus fort ce passager éméché qui transforme les retours de soirée en escapade fantastique ("Marque ton stop que j’t’embrasse").
Je pense à Brassens à chaque fois que j’ouvre un parapluie, Benoît Dorémus, lui, c’est pour serrer les poings très fort quand il a un bonheur à partager avec un autre palpitant absent. En pleine bataille de boules de neige, Brassens en pleine poire lui rappelle cette autre.
Cordes pincées et rythmes feutrés pour un grand mélancolique entre les griffes des aléas de son palpitant, un existentiel traînant son cafard jusqu’au bout de chaque jour, avec des soleils dans tous les coins. Voyageur entre les pages de bouquins, c’est le sourire aux lèvres qu’il évoque ses émois littéraires : "le froc aux chevilles, à force de lire aux chiottes".
Intronisé par Renaud Le Tendre énervant, Benoît Dorémus est entouré, bien entouré même : Maxime le Forestier, Archimède, Renan Luce, Cabrel et Souchon ont fait un tour sur les pistes de En Tachycardie, et c’est sans compter les influences dont s’est imprégné l’artiste pour forger sa personnalité de dandy nonchalant, faisant le show de son petit espace douillet propice à la confidence. Sous le charme.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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