Spectacle conçu et mis en scène par Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco interprété pâr Bruno Abraham-Kremer.
Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco ont puisé dans la correspondance du philosophe français Vladimir Jankélévitch mort en 1985, et plus précisément les lettres adressées à Louis Beauduc, son compagnon de "turne" à l'Ecole normale supérieure et ami de toute une vie, et publiées à titre posthume sous le titre "Une vie en toutes lettres" pour tracer le portrait de l'homme.
Celles-ci ne retracent pas de farouches débats philosophiques épistolaires, même si les écrits et les théories du philosophe y sont esquissés, mais, autocentrées sur les petits et grands événements de la vie de Vladimir Jankélévitch, mais constituant une quasi-autobiographie involontaire, brossent le portrait de l'homme pour lequel Louis Beauduc, retiré en province pour y mener une paisible vie de famille et de professeur de lycée, fait office de confident.
Bruno Abraham-Kremer et Corine Juresco n'ont pas opté pour une interprétation incarnée de leur auteur mais pour un spectacle-lecture qui, en la forme, ressort à une hybridation de la conférence hagiographique et de la soirée vulgarisatrice de salon littéraire.
Le spectacle, qui commence en forme de note d'intention de Bruno Abraham-Kremer et par la lecture de la lettre de sa mère, professeur de philosophie, en réponse à son projet, permet de découvrir la trajectoire de celui qui, en sa jeunesse et avec humour et autodérision se qualifiait de "Trissotin métaphysique" et manifestait une ambitieuse ambition, être un activiste de la philosophie, "écrire pour la postérité" et embrasser la carrière universitaire.
Celui, qui, en sa maturité, a été dévasté par l'Holocauste qui a fait naître en lui une fureur inconsolable et a impacté son oeuvre sur la philosophie et la problématique paradoxale du pardon, et qui, en son automne, bien que titulaire de la chaire de philosophie morale de la Sorbonne, manifeste l'amertume d'être primé par ses à peine cadets de la rue d'Ulm, les existentialistes du Café de Flore qu'il tacle vertement.
Comédien aguerri pour qui la scène n'a plus de secrets, Bruno Abraham-Kremer reprend à bras le corps, le coeur et l'âme cette partition créée en 2013 sous-titrée "La vie est une géniale improvisation" racontant l'histoire d'un homme dont la pensée philosophique et politique se révèle d'une brûlante actualité. |