Spectacle musical interprété Blandine Jeannest de Gyvès accompagnée par le pianiste Ludovic Selmi.
Une décennie après son décès, la chanteuse Barbara, pour qui la scène était comme un radeau sur son océan de solitude et le public sa plus belle histoire d'amour, sa figure de longue dame brune, sa voix entre le cri et le souffle et son univers tourmenté, continue d'inspirer des spectacles naviguant entre biopic, hommage et récital.
Singulier et de très belle facture, celui au titre polysémique "Rappelle toi Barbara" initié, conçu et interprété par la musicologue et chanteuse lyrique Blandine Jeannest de Gyvès constitue une synthèse extrêment subtile et maîtrisée de l'évocation et de l'hommage par combinaison d'un dialogue musical entre deux chanteuses et d'une mise en résonance avec des partitions de musique classique.
En effet, elle a travaillé sur une dizaine de chansons, dont des emblématiques inscrites dans la mémoire collective, telles "A Göttingen", "L'Aigle noir", "Dis quand reviendras-tu ?" et "La petite cantate", mis ses pas dans la trace de ceux de la femme et pris sa plume pour une approche poétique et réflexive qui se matérialise par de courts textes émaillant le spectacle qui, écrits à l'adresse Barbara, avec la familiarité tendre du tutoiement, pointent tant sur certains éléments de sa vie que sur son processus créatif.
Tout en usant d'une gestuelle dramaturgique qui s'inscrit dans l'esprit du spectacle qu'elle souhaite "dans la mémoire et la suggestion", Blandine Jeannest de Gyvès, évite l'écueil de l'imitation pour reprendre à son compte les chansons qu'elle interprète accompagnée par le pianiste virtuose Bruno Selmi qui dispense également des extraits de morceaux, notamment, de Chopin et Poulenc, qui composent l'atmosphère musicale.
Si la forme scénique s'apparente à celle du cabaret rive gauche avec un habillage lumineux minimaliste de William Orrego Garcia, elle bénéficie de la valeur ajoutée du parti-pris esthétique qui résulte de la projection, sur deux écrans décalés, de fragments du paysage parisien à la désaturation très contrastée filmés par le peintre et scénographe Jean-Pierre Schneider qui accompagne ce voyage mnésique guidé par l'incarnation "à distance" et néanmoins sensible et la superbe voix de Blandine Jeannest de Gyvès. |